industrialisation SNCF prototype

 5 mai 2020

Note sur l’industrialisation de l’usine citoyenne

Fabrication bénévole de masques AFNOR

 

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Dans le Val d’Oise, une initiative a été prise le 20 mars dernier de fabrication bénévole de masques en tissu artisanaux ; masques AFNOR depuis la publication du 27 mars.

Elle a conduit à monter une petite usine citoyenne, un prototype en vraie grandeur, massivement reproductible.

I-Un prototype en vraie grandeur d’une usine citoyenne :

1- le lancement :

L’initiative fait suite à l’appel à matériels de protections, lancé par les hôpitaux du Val d’Oise, avec cette idée que les stocks ont rapidement une fin et le réapprovisionnement difficile avec les désordres connus alors. Elle visait « les soignants puis tous ».

Au lancement massif, le 24 mars, j’ai envoyé 200 lettres à tous les parlementaires et maires du département ainsi qu’à la présidente du Conseil Départemental et au préfet ; puis 200 mails à des citoyens actifs. Ils étaient partie prenante d’une conférence débat sur le climat organisée à l’ESSEC avec mon association « Agir pour le Climat »le 3 février dernier sur le mode « penser local pour agir global ».

J’ai transposé cette démarche sur le coronavirus et capitalisé sur mon site www.agrilocal.org les outils et documents de notre montée en compétence : tutoriels (afnor), organisation, et quelques éléments pour la reproduction dans les 100 départements français.

Nous avons commencé par vider les placards pour y trouver les fournitures nécessaires, et fait appel au don, avant que la première maire (Vauréal) s’engage en achat-distribution-récolte et mette ses services à disposition de cette initiative dans le Val d’Oise. Nous bénéficions depuis du réseau des DGS territoriaux.

Des initiatives ont fleuri un peu partout, indépendamment, comme une production très efficace de surblouses. Le collectif que nous avons construit s’est centré sur les masques.

2- Etat des lieux au 28 avril :

Ce 5 mai, Nous sommes 361 couturières (iers) à avoir produit et distribué localement 17 000 masques sur 10 communes. Notre collectif compte une cinquantaine d’organisateurs qui développent cette usine citoyenne dans 35 communes avec l’appui de 8 maires engagés (de tous bords) et leurs services, l’ESSEC (chaire innovation et entreprenariat social) et l’université de Cergy-Pontoise. Le collectif se réunit en vidéoconférence chaque semaine.

Un calcul sommaire conduit à 5 millions de masques si cette usine était répliquée telle quelle dans les 100 départements. Bien plus si on l’organise méthodiquement dans chaque département. A ce stade, nous avons acquit un début d’expertise qui permet de gagner du temps (organisation, achats, méthodes) et d’éviter de reproduire certaines erreurs (patron du CHU de Grenoble)

L’organisation est à deux échelles de territoire : les communes et le Val d’Oise : http://agirlocal.org/tableau-contacts-95/

Ce prototype en grandeur réelle restera anecdotique s’il n’est pas massivement industrialisé.

Les besoins nationaux sont massifs : hors les enfants jeunes et les personnes âgées ou impotentes, le besoin de fabrication de masques pour le grand public est à hauteur de 50 millions par semaine pour 20 millions importés ou produits dit le gouvernement. (50 millions de personnes, 2 masques par personne, lavables 2 semaines).

Parmi elles, 10 millions de pauvres ne seront  pas en mesure d’acheter des masques ce qui renvoie à une question de santé publique.

3- le déconfinement :

Trois sortes de production sont donc nécessaires : les réponses aux commandes internationales et nationales du gouvernement ; les productions de l’industrie nationale (bénévoles et marchandes) ; l’usine citoyenne.

L’usine citoyenne a pour principal intérêt d’exister un peu partout (22 000 couturières à Lille) et de pouvoir allier bénévolat et commande de fourniture voire de Kits par les maires, avec une distribution locale ; dès le premier voyage en transport en commun.

Elle a un second avantage : elle peut produire instantanément sans un euro d’investissement et s’effacer sans un seul licenciement le moment venu, pour laisser la place à l’industrie.

Elle peut pourvoir, dans la durée de la crise sanitaire, aux besoins des plus démunis.

II Mode de faire et précautions 

Les 250 000 cheminots retraités et leur relationnel professionnel et personnel, nos valeurs, pourraient être mobilisés pour faire face à ce besoin crucial sanitaire et économique. Un appoint de quelques actifs clé serait déterminant.

Le gain en relationnel est patent dans les communes où le prototype produit et distribue. L’expérience ainsi faite, inhabituelle pour beaucoup et la montée en compétence individuelle et collective sont tout aussi évidentes. Cette catastrophe sanitaire lève un carcan.

La production se fait selon les spécifications AFNOR : 70 à 90 % de filtrage. Ce qui pour deux personnes masquées en vis à vis est équivalent à une porteuse de FFP2 (94%) : entre 91% et 99%. La traduction opérationnelle de la norme,-illisible pour le commun des mortels-, que nous avons faite est améliorable.

La production est bénévole. Les masques sont donc gratuits.

Pour que la production soit massive, l’engagement des maires est incontournable : achat de fournitures, stérilisation (s) dans les machines à laver des écoles, distribution selon des critères partagés.

Les maires cheminots (le club) seraient des points d’entrée clé.

La relation au préfet et au président (e) du conseil départemental est un enjeu pour l’usine citoyenne. Dans le Val d’Oise, la communication n’est pas établie, Dans le Loiret, si.

Le processus est formalisé.

Un cheminot volontaire par département pour déployer le prototype, un maire retraité ou salarié du groupe SNCF par département pour relayer, pourrait généraliser ce mode de faire. Nous sommes familiers des vidéoconférences et du travail en réseau.

Une organisation en appui par région et au national est incontournable.

Jean-Michel Vincent

Retraité

Délégué Val d’Oise d’agir pour le climat

Mandaté au national par l’association pour développer cette initiative.

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