les métropoles face au défi climatique

Les métropoles face au défi climatique :

Jouer le bien être contre le climat

En une vie d’homme, la population mondiale a triplé, de 2,5 à 7,5 milliards. La population urbaine est passée de quelques centaines de millions à 4 milliards.

La classe moyenne et supérieure mondiale a quadruplé, à 2 milliards : 4 fois plus en 4 fois moins de temps.

La consommation d’énergie fossile est en conséquence, ainsi que la déforestation.


Le résultat est là : depuis le début des années 50, la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère est passée de 300 à plus de 400 ppm.

Au rythme actuel, le seuil fatidique de concentration de 450 ppm sera franchi dans les années 2030, avec la hausse de 2°C qu’il entraîne ; et les effets de seuil irréversibles que les spécialistes s’accordent à reconnaitre.

Les villes sont responsables de la majeure partie de ces émissions. La classe moyenne et supérieure mondiale est concentrée en majeure partie dans les villes et plus encore dans les métropoles.

Le métabolisme urbain né de l’utilisation massive des énergies fossiles, fruit d’un siècle de développement accéléré, n’est plus soutenable en l’état. Si nous ne le prenons pas au sérieux, le changement climatique va claquer comme une porte au nez de la prospérité urbaine, réelle ou espérée. On aime la ville, le bien être, la prospérité après lesquels chacun court : les métropoles du XXIème siècle et leurs territoire seront d’abord bas carbone ou ne seront pas.

C’est l’ensemble du système de production des richesses, de consommation des ressources, de mobilité des hommes et des biens qu’il faut repenser.

Homi Kharas

Qu’en est-il ici, en France ? Notre pays est-il prospère ? Oui. Vivons nous en paix ? Pour l’essentiel, oui, même si le terrorisme est sur notre territoire et tue. Vivons nous mieux que nos parents et nos grands-parents ? A l’aune du niveau de vie, oui. Notre pays est-il envié par beaucoup de pays ? Oui.

La situation est-elle la même dans tous les pays ? Oui et non. Les pays développés ne sont pas les émergents qui ne sont pas ceux qui cherchent à se développer.

Qu’on le veuille ou non, nous dépendons les uns des autres. Cet article est une contribution : pour écarter la menace climatique dans le plaisir de vivre ; vu de France

Un regard sur la longue durée vaut le détour.

L’argent public manque lit-on. Mais à population constante et euros constants, la 6éme puissance mondiale a 7 fois plus d’argent public qu’en 1950. Un ouvrier, un employé des années 2000 a autant de pouvoir d’achat qu’un cadre des années 30. Le RSA, la CMU sont des choix uniques au monde. Le pouvoir d’achat a été multiplié par 7, l’espérance de vie a augmenté de 14 ans.

En revanche, dans cette même longue durée, nous avons selon Piketti (Le capitalisme au XXIème siècle), la même répartition de richesse mondiale qu’en 1914. Quelques dizaines d’individus concentrent autant de richesse que la moitié de l’humanité. En France, 8,8 millions de pauvres, ont moins de 60% du revenu médian ;

Et encore plus déterminant, insistons : en moins de 30 ans, la classe moyenne et supérieure mondiale a quadruplé. La consommation d’énergie fossile en est une conséquence, ainsi que la déforestation. Et si la courbe d’émissions de CO2 est restée à peu près sur la même pente, cela tient à l’augmentation de la part du nucléaire et du gaz dans le mix énergétique mondial, moins émissif. Malgré cette toute relative compensation, le résultat est là : nous sommes à 3 ans de franchir le seuil des 415 ppm demandé par la COP 21 ; le seuil fatidique de concentration de 450 ppm sera franchi dans les années 2030, avec la hausse de 2°C qu’elle entraine.

Pour les sceptiques, il existe un thermomètre, à Mauna Loa dans le pacifique qui mesure depuis les années 50 cette concentration en ppm : https://www.co2.earth/. Incompréhensible les ppm ? Ils fonctionnent comme les degrés de notre thermomètre ; on ne connait pas bien la définition du degré mais chacun sait qu’à 40°C vous allez d’urgence à l’hôpital, à 42°C vous êtes mort.

Ce danger mortel nous l’avons créé.

Nous sommes le problème, nous sommes la solution.

A l’échéance des années 2030, l’enjeu majeur est-il le bâtiment neuf, l’écoquartier, la nouvelle ligne de transport? Non : à raison de 1% de renouvellement par an de la ville et la campagne, 95% des émissions de gaz à effet de serre seront alors le fait de ce qui existe aujourd’hui sous nos yeux. L’enjeu majeur est la réinvention écologique de la ville et de la campagne existantes et non celles qui se construisent demain. Une réinvention qui améliore santé, sécurité, bien être, biodiversité et lien social. Mais ce n’est pas ce que nous faisons.

Et s’il s’agit bien de changer notre vie de tous les jours, faut-il laisser dans chaque pays quelques milliers de grands décideurs s’en occuper au risque du grand saut dans l’inconnu ou voulons nous mettre dans la balance les initiatives et les énergies des centaines de millions de familles qui peuplent nos villes et nos campagnes, et parmi elles les entrepreneurs, et les élus locaux ?

C’est un choix qui demande d’y voir clair à l‘échelle de la planète et d’agir en conséquence sur son territoire, bien au delà de l’action habituelle des élus : planifications en tout genre, routine municipale et action des services gestionnaires ; mais aussi bien au delà de notre quotidien que cela passe par notre manière de nous nourrir, de consommer ou de partir en vacances ; et tout autant par nos responsabilités professionnelles, de la photocopie à nos véhicules en passant par les achats, les transports, les énergies, les produits et services fabriqués. Chaque produit, chaque achat est un vote.

Qui a intérêt à agir ?

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les riches ont autant intérêt que les pauvres à écarter la menace climatique. Cela tombe bien : plus on est riche, plus on émet de gaz à effet de serre, plus on a de moyens de les réduire: 2 milliards d’humains sur 7,5 sur la planète, en grande partie dans les villes. En France, 80% des ménages, la quasi totalité des entrepreneurs, des élus, font partie de la classe moyenne mondiale. Cela pose question. D’autant plus que nous pouvons traiter la transition et l’inclusion l’un par l’autre; et passer d’un modèle distributif pur à un modèle économique qui demande d’inclure les plus pauvres pour faire tourner l’économie ; et éviter les catastrophes climatiques dans lesquelles il seront en première ligne.

Comment ?

Les gouvernements ont depuis longtemps constaté que la moitié des émissions de gaz à effet de serre relevait des comportements individuels, c’est à dire échappait aux politiques, aux lois et à leurs pouvoirs d’incitation ou de coercition. La proximité est clé. Les projets locaux déterminants.

Une réduction d’un tiers de nos émissions nous donnerait une dizaine d’années de plus pour écarter la menace climatique. A l’expérience, des petits changements de comportements d’habitants, d’entrepreneurs, d’élus, peuvent réduire quasi instantanément nos émissions de 20%, nos dépenses avec, en améliorant notre état de santé. Voir des propositions pour habitants, entrepreneurs, élus locaux en page d’accueil de www.agirlocal.org

Avec un peu plus de temps, 3 exemples, massifs à l’échelle de leur territoire :

A Cergy-Pontoise, 200 000 habitants-100 000 emplois-27 000 étudiants, la permaculture permettrait de créer sur les 1250 ha agricoles de l’ordre d’un millier d’emploi pour 74 aujourd’hui, très qualifiés et peu qualifiés : le désherbage ou le glyphosate pour faire court.

A la Défense, le quartier d’affaires est chauffé au fuel lourd à basse teneur en souffre, amené en train. Le remplacer par du bois le transformerait instantanément en quartier durable. Et permettrait de passer un contrat de région à région pour assurer l’approvisionnement et passer du déficit du commerce extérieur au PIB d’emplois non délocalisables.

Avec la Caisse des dépôts, l’Etablissement Public Foncier Île-de-France, Grand Paris Aménagement, ICADE, AREP, Saint Ouen l’Aumône et Plaine Commune, un travail de 6 mois a été réalisé par une dizaine de jeunes professionnels sur le devenir des zones d’activités. Parmi l’un des 10 projets proposés, celui sur la production d’énergie photovoltaïque et de lien social recèle un gisement national de production équivalent à celle de 17 réacteurs nucléaires.

Donc il y a matière ; mais comme l’a dit un de nos élus, nous ne pouvons pas continuer à décider au petit bonheur la chance, Il nous faut agir efficace, de façon organisée sur nos territoires, massivement. Tel n’a pas été le cas à ce jour.

Comment converger, sans se coordonner lourdement ?

Une boite à outil a été réalisée en ce sens en Île de France ces 10 dernières années par plusieurs milliers de techniciens, d’habitants, d’entrepreneurs, d’élus locaux. Validée par l’association des maires Île de France, elle propose un tableau de bord à la commune et des actions, des projets, démonstrateurs, reproductibles. La méthode a fait ses preuves. Voir la suite sur www.agirlocal.org

Une deuxième piste d’organisation a été travaillée par l’un des groupes de travail société civile du Grand Paris. A rebours de la planification à la française (plans, hyperplans, Rantanplan…), il propose de :

  • Construire un plan climat, libérant les énergies des millions de décideurs du Grand Paris.
  • Construire une vitrine à projets démonstrateurs, aptes à être répliqués et exportés.
  • Créer un fonds transition pour des (petits) projets, innovants, reproductibles.

http://agirlocal.org/groupe-transition-de-la-metropole-du-grand-paris/

Sans compter le besoin d’une ingénierie, tiers de confiance, plutôt publique que privée. De quoi mobiliser massivement.

Et le bien être dans tout ça ?

Faire des économies, réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre, améliorer sa santé, la biodiversité de nos territoires; reproduire ou inventer des actions, des projets, créateurs d’emplois, de richesses de toutes sortes et de lien social, réducteurs d’inégalités, dans le plaisir de vivre ;

Traiter la transition et l’exclusion, l’une par l’autre en faisant en sorte que l’économie exige des emplois peu qualifiés et non pas le fasse par charité ; et monter en compétences, en éducation, en culture, contribuer à améliorer sa sécurité, à diminuer l’immigration climatique, maitriser autant que possible sa vie, notre destin collectif, assurer un avenir à nos enfants, vivre en paix.

 

 

 

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