la vie dans les métropoles au XXIème siècle; production à chaud

« La vie dans les métropoles au XXIème siècle ».

Productions, à chaud

« Nous avons pris un gros coup de vieux. Qu’a-t-on raté pour que ces jeunes nous en disent autant ? ». La déclaration provient d’un membre du jury du 36ème Atelier International de Maîtrise d’Oeuvre Urbaine, qui portait sur l’évolution des modes de vie en métropoles et dont les travaux se sont clos à Cergy le vendredi 28 Septembre.

 Les Ateliers :

Association d’utilité publique, les Ateliers Internationaux de Maîtrise d’Oeuvre Urbaine de Cergy-Pontoise organisent depuis 1982 des ateliers de création et de production urbaine collective en France et à l’étranger. Chaque année en Ile de France, un atelier « jeunes professionnels et étudiants », est sollicité par des élus locaux et des institutions en Région Ile-de-France. Les participants travaillent bénévolement plusieurs semaines avant de présenter leurs propositions devant un jury international composé pour l’occasion.

Si cette formule continue d’être appliquée depuis 36 ans, c’est qu’elle a fait la démonstration de son efficacité, tant pour les villes étrangères qui la sollicitent régulièrement, que pour d’autres projets en Île-de-France ; la plus décisive étant le changement de lieu de l’exposition universelle de Shanghai de 2010 depuis les terrains autour de l’aéroport à ceux du centre ville. D’autres projets en Île-de-France ont bénéficié, à leur émergence, des propositions de ces jeunes professionnels et des débats ainsi instaurés : Paris Saclay par exemple qui concentre le quart de la recherche française.

Le dernier atelier international de maîtrise d’oeuvre urbaine francilien s’est déroulé du 3 au 28 septembre 2018 et s’intitule « Quelle vie dans les métropoles au XXIème siècle ? ».

Entre l’urgence du changement climatique, la fulgurante révolution technologique et le gigantisme qui se développe sur tous les continents, où et comment vivrons-nous demain dans un monde à la fois de plus en plus urbanisé, écologique et connecté? L’atelier a pris pour angle les modes de vie métropolitains, avec toute les extensions que ce mot de métropole induit : le centre, l’agglomération, la région, le grand bassin parisien et au delà ce qui en fait une métropole internationale allant chercher ressources et emplois sur toute la planète. Il attend des participants qu’ils en donnent une vision des transformations territoriales, urbaines et rurales, voulues par leurs découvertes, leurs pensées, leurs désirs du monde où vivre mieux, bien ; de quoi choisir leur destin, dessiner leur avenir, la vie qu’ils veulent mener, pour eux et leurs enfants.

Nous n’avons pas été déçus…

dessin Bertrand Warnier

.La production de l’atelier francilien 2018 :

Après deux ans de préparation et un mois de travail en équipes, 20 jeunes professionnels, de 13 nationalités différentes ont pour le moins bousculé le jury, ce 28 septembre et à travers lui, élus, professionnels et citoyens.

Leur message, en substance :

Nous ne pouvons plus faire confiance à vous, qui êtes aux commandes, à vos modes de fixation des objectifs et à vos modes de travail. Leur dominante technocratique à forte dose d’ingénierie, mise en oeuvre dans un schéma top-down, sont menées dans l’inconscience de l’extrême urgence des impératifs climatiques. Elles laissent de côté les deux entités qui doivent être le coeur même de la démarche : l’humain avec son aspiration au bien-être et la nature, qui est le cadre dans lequel cet humain doit s’inscrire.

Prendre au sérieux ces enjeux bouleversent nos modes de vie.

C’est de la vie commune, à l’échelle locale et d’initiatives de terrain menées en réseaux, que peuvent émerger progressivement cette transformation. C’est aussi un chemin pour construire ensemble un sentiment d’appartenance à des territoires à plus grand échelle, jusqu’à l’échelle métropolitaine.”

Les Ateliers/ Montage imv

Le jury n’est pas le seul à être bousculé, trois catégories de personnes sont interpellées par les productions de ces jeunes professionnels:

  • les politiques et plus généralement les décideurs : en remettant en question les manières contemporaines de réfléchir l’aménagement du territoire, son devenir, en insistant sur la fin d’un modèle de l’aménagement et la nécessité de renouveler ce modèle, de penser changement du métabolisme des territoires, de ceux qui les occupent, de ceux qui gèrent et consomment ses ressources, produisent pour eux et les autres, commercent, importent et exportent personnes, marchandises, connaissances et argent.
  • Les urbanistes et autres professionnels de la fabrique de la ville en leur enlevant leurs calques et leurs feutres. Leurs nouveaux outils d’aménagement étant : la notion du bonheur à tout le moins du bien être/ L’économie du temps / une alimentation saine, des graines de forêt… et l’inverse de la mégalopole et son centre tout puissant. Pire avec des indicateurs de bien-être. Les voilà bien embêté les concepteurs à devoir interagir avec ces nouveaux outils… une injonction à changer les méthodes de conception, à réinterroger d’urgence les pratiques professionnelles.
  • Les citoyens qui ne peuvent pas se dispenser d’être présents et acteurs des transformations du territoire de demain. Pas seulement les militants de la chose, toujours les mêmes ; non, toutes et tous, à se parler, à échanger des savoir-faire, à les habiller de neuf surtout s’ils sont méprisés, à entreprendre des projets ensemble, concocter des services, prendre soin de soi et des autres, s’approprier les espaces publics, y vivre, paisiblement. Sont ils prêt pour endosser le rôle qui leur est attribué ce jour? S’agit t’il d’une utopie élitiste ou d’une réalité à moyen terme? Moyennant quels déclencheurs, quel cadres, quels traitements des enjeux structurels, ceux pourquoi nous mandatons nos élus ?

Un mois de travail :

La radicalité des prises de position dont les équipes sont parties pour faire leurs proposition est sans équivoque, quel qu’en soit l’angle, annoncé dans le titre qu’elles se sont choisi :

Pour « Time révolution », nous n’avons que 24 h par jour, une vie toujours plus stressante qui fait que 69% des franciliens veulent quitter la région. Une video à l’heure de pointe dans le RER dispense d’en dire plus. Le travail structure le reste de la vie.

Et si l’on travaillait 6 h par jour, différemment, à horaires flexibles, avec moins de déplacements ? Et d’ailleurs sans voiture. « Et si ,au lieu de courir après le travail c’était le travail qui suivait l’individu »?

Pour « Food and the city » le changement climatique doit être pris au sérieux ; Et ils passent un extrait du film « soleil vert » de 1974, supposé se passer en 2022, pour enfoncer le clou. La démographie plus l’étalement plus les pollutions en tous genres entrainent le changement climatique. Et se centrent sur la nourriture, un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Ils refusent les objets comestibles non identifiés et interrogent modèles agricoles et contenu de nos assiettes : sel, sucre, viande. Ils citent PIerre Rabhi en nous souhaitant bonne chance plutôt que bon appétit.

Pour « Seeds », l’avenir est annulé comme le montre une manchette du Monde en 2050, et nous n’en serons ni les boulons ni les écrans. Ce sont nos modes de vie qu’il faut changer. Alors, devant la diversité des visions, des intérêts, des territoires, comment faire ? Le top down a fait la démonstration de ses limites. Si l‘on repartait du bas pour converger ? Comme ce festival né en Inde à la fin du XIXème siècle, sur un thème religieux prétexte, en réalité à se rassembler contre l’empire britannique qui l’interdisait. Vidéo.

Pour « Micropolis », Paris est au centre de tout, moteur et récepteur de toutes les richesses, seul lien effectif entre les autres territoires. Et ils choisissent de s’intéresser aux exclus du Grand Paris qui assèche les territoires bien au delà de la région, en font des villes dortoirs. Plus, ils considèrent que les périmètres des territoires gouvernés ne sont pas adaptés à la bonne gestion des espaces et des ressources, ne sont pas à la hauteur du défi climatique. Et affirment, ce qui compte c’est le territoire géographique, le grand paysage.

Les propositions territoriales sont en conséquence :

« Time révolution »

S’il y a plus de robotisation alors il faut se concentrer sur l’humain, laisser plus de choix par rapport aux contraintes de temps, de travail, de distance. Puisque c’est le travail qui est contraignant, avec les déplacements qu’il impose, « Time révolution » distingue le travail forcément présentiel comme celui de l’infirmière, le gardien ou l’éboueur, du travail qui peut être effectué en partie à distance ; et propose d’abord la création massive de tiers lieux autour des gares.

Time révolution

A 6h de travail et 8h de sommeil par jour, leur mini enquête conduit à poser la question : on fait quoi des 9h qui restent ? Jardinage, cuisine, agriculture urbaine, loisirs, culture, vie sociale, services civiques, sport… Cela, c’est à dire travail présentiel, en tiers lieux et activités non rémunérées, peut se faire dans une communauté à 20 mn de distance, 3km de rayon autour d’une gare où vivent 93% des franciliens et des tiers lieux.

Time Révolution

Changer les rythmes des vies suppose de changer les territoires et leurs modes de fonctionnement. De nouveaux modes de transport, doux et transports en commun, transforment le territoire en le rendant marchable, cyclable, accessible, dans la proximité.

L’équipe décrit la nouvelle vie de 3 habitants type sur un territoire ainsi structuré et gouverné.

La formulation « what if to morrow, jobs follow people » domine, fait sens bien au delà des tiers lieux.

« Food and the city»

Chaque million de bouches supplémentaires en Île de France, c’est plus d’insécurité alimentaire. Chaque degré de réchauffement, moins de rendement agricole. Sur ce constat, « Food and the city» s’attache, dans le temps disponible, à deux points clés : la production agricole et la consommation. Ils proposent 6 critères pour évaluer le potentiel d’évolution de 4 types de territoires et leur capacité à écarter le futur qu’ils ne veulent pas : le potentiel éducatif/ production, transformation et transports efficaces/ bienfaits sociaux/ empreinte écologique minimale/ support à la biodiversité/ création d’emplois.

Food and the city

Puis ils se penchent sur :

-La zone d’activité de Courtaboeuf autour de fermes verticales, résilientes ;

-Paris saclay autour de l’autonomie alimentaire bio de ce grand territoire ;

-Saint Denis autour du maraichage urbain et l’excellence par l’alternance dans les métiers de bouche/ -Cergy Pontoise et le parc naturel du Vexin autour du renforcement du lien agri-urbain et une quantification : leurs 40 000 ha agricoles peuvent nourrir 1,5 millions d’habitants végétariens ou en fournir 40 000 en viande.

Food and the city

Et terminent par un manifeste en trois temps : nous reconnaissons, nous proposons, nous demandons. En particulier une évolution drastique du statut de la propriété, dissociant l’usage des sols agricoles de la propriété du foncier.

« Seeds »

L’avenir est bloqué, les territoires métropolitains sont d’une grande diversité, comment favoriser l’équité, la durabilité et le bien être ?

Seeds

En connectant les diversités, par des interventions modestes, ascendantes, des graines qui fassent forêt comme ce festival indien, métaphore de leur proposition ; festival local à sa création, il est aujourd’hui une manifestation pluri-religieuse qui a franchi les frontières de l’Etat où il est né. une manière, pendant dix jours, d’échanger dans l’allégresse les questions sur la société dans laquelle on vit.

Semer quoi sur les territoires ? Beaucoup de petites initiatives plutôt que peu de grands projets, pour enseigner ce que chacun sait aux autres, apprendre l’entreprenariat à la population, fournir des aides notamment financières, à la création d’entreprises, partager les connaissances et les compétences.

Et pour semer trouver des failles où planter des graines : lieux de travail flexible, écoles, habitat, mobilités douces, frugalité et recyclages en sont le cadre matériel tandis que variété, égalités, proximités et économies en sont le cadre immatériel.

Puis pour enfouir les graines, réunir, unifier, prendre soin, fonder, augmenter.

seeds

Deux sites illustrent cette démarche :

Vendôme : la gare historique pour un développement retrouvé, lié aux bourgs et villages voisins ; le site Louis vuitton en cœur de ville pour un hub de la mode irriguant le territoire.

Saint Denis : les espaces publics des rues et de la gare pour connecter les voisins, apprendre en faisant, aider à l’auto organisation, faire s’approprier les espaces publics, cultiver des légumes, augmenter le contrôle social et la sécurité.

« Micropolis »

Peut-on vivre sans Paris ? Paris est plus dépendant de sa périphérie que l’inverse. Et si talents et produits, au lieu d’aller travailler à Paris étaient distribués équitablement sur la région ? Et si une seule métropole se changeait en un réseau de petites métropoles ? Economie locale, changement climatique et inégalités, les initiatives ne manquent pas aujourd’hui mais ne se connaissent pas, ne se nourrissent pas mutuellement.

D’où la micropolis proposée qui profite des mêmes aménités que le centre. Comment ?

Micropolis une nouvelle gouvernance

D’abord par une nouvelle gouvernance aux limites redessinées par la géographie physique et les paysages : gérée par une communauté de citoyens qui utilisent ses ressources territoriales spécifiques avec un soutien financier des institutions. Le relief et l’eau en sont les structures premières.

Une grille de 8 indicateurs appuie la transformation vers des territoires locaux et connectés, attractifs, où l’on vit bien. Points forts et potentiels de chacun permettent de combler les lacunes des uns par la connexion avec les autres. La grille pointe et mesure la création de valeur, elle est contrôlée et diffusée par l’organisation métropolitaine.

Micropolis

Deux territoires, Cergy et le Vexin d’une part et confluence Seine-Yonne de l’autre mettent en lumière les villes de fleuve et de rivière, les villages de plateau et ceux de routes.

3 outils sont proposés à titre d’exemple; l’urban cube, tiers lieu professionnel étendu à la rencontre et à la créativité ; food share qui vise un lien direct producteurs et consommateurs locaux-investisseurs ; et une plateforme d’échange de logements institutionnelle, temps réel.

Avec Cergy et Egreville, Gouzangray, 70 habitants, mini cluster de moutarde de qualité, est l’une des 3 scènes illustrant cette vie transformée.

Le jury

Traditionnellement, le jury est considéré comme une sorte de 5ème équipe. Il doit travailler en quelques heures.

Aussi, en introduction des délibérations, les pilotes donnent une vision lapidaire du sujet et de la production de l’atelier.

Les pilotes :

Le sujet de l’atelier « la vie dans les métropoles au XXième siècle » est ample, complexe et par nature conflictuel : son objet est de construire un début de vision partagée. Vaste programme.

Mais ce qui marque, c’est la claque adressée aux plus de 30 ans par la dernière génération à pouvoir encore espérer écarter la menace climatique et qui seront aux commandes demain : Ils n’ont pas confiance.

La vision radicale du monde de ces jeunes bouscule : le jury que nous sommes d’abord, dans ses responsabilités, ses compétences, ses modes de vie. Il n’est pas le seul : décideurs, concepteurs et habitants le sont aussi.

Puis un jury, tantôt séduit, tantôt critique, toujours piqué au vif par cette approche par la vie, à long terme s’est mis au travail. Inégalement prêt à entendre leurs prises de position et leurs idées de solutions, il a d’abord été unanimement surpris par la convergence de propos de participants venant des 4 coins de la planète.

Verbatims du délibéré :

Séduits

Un souffle d’air frais dans la réflexion enkystée des métropoles

Petites ruptures, effets paradoxaux

8 milliards d’être humains et bientôt 2-3 de plus exercent une énorme pression sur la planète

C’est une entrée en résistance par rapport à l’héritage reçu, une technophobie.

Le bottom-up n’exclut pas une structure pour traiter les défis collectifs

Critiques

Les solutions alternatives proposées sous-estiment les opportunités métropolitaines

La radicalité des constats m’a marqué ; au point d’être binaire et faire table rase de la complexité.

La possibilité d’imaginer le monde est une vision élitiste du tiers des humains qui en a les moyens

Le bottom-up ne fonctionne qu’à certaines échelles, le quartier, l’animation d’un lieu.

Les métropoles sont débordées par les flux migratoires : 2000 personnes qui arrivent chaque jour ne permettent pas de traiter les problèmes.

En revanche, nous avons fait une société de la possession et de la consommation : c’est une erreur majeure que nous avons faite.

Les modèles proposés sont-ils additifs ou substitutifs ?

Ils ont l’air d’être tantôt avant, tantôt après la rupture. Ce n’est pas clair

Il y a quelque chose de pastoral dans leurs propositions, partagées par plusieurs nationalités.

Si 69% des franciliens veulent quitter la métropole, le reste du monde va s’y précipiter.

Eux et nous

(Pour eux) la prise en compte du développement durable n’est pas une interrogation : il est acté ; on ne peut plus faire comme avant.

La vision critique des métropoles dont ils émanent est un acte de réfléxivité. Et nous, quelle réfléxivité, quels impensés de nos modes d’action ?

(Pour eux) Tout ce qui est frontière doit être changé

Dans toutes les cultures, ils n’attendent rien des gouvernants mais d’acteurs citoyens pour agir. Que va-t-on faire de cet objet ? Vivement qu’ils soient aux affaires

Nous sommes dans la recherche du bien-être par la possession alors qu’ils le cherchent dans la générosité, l’entraide.

Ils ont dit, le plus précieux, c’est notre durée de vie

Au moment où on ne parle que robots et intelligence artificielle, ils parlent de temps, de nourriture. Nous pouvons jeter nos smart city, vite.

(Pour eux) la notion de bien être va avec ralentir.

Nous tous, demain

Allons nous réfléchir à nos territoires de la même manière, demain ?

Leurs propositions d’agir à différentes échelles laissent place à des histoires plurielles.

Que va-t-on en faire ?

(Pour eux) l’humain est au centre, concrètement, par les actes. Nos décisions macro ont-elles assez pensé aux effets micro ?

Je repars avec des questions et des graines : les lieux qui font sens, les lieux de contact/le temps du faire, avec, pour, mais ne faut-il pas s’ouvrir aussi à l’être ?/l’importance de l’alimentation mais de son rôle social aussi/la nécessité de relocaliser la gouvernance : ateliers des actions, des savoirs, de l’être ensemble/ quelle place à l’éducation ?

Nous sommes au moment de la remise du rapport Castro ; ce que ces jeunes nous proposent et ce que nous en avons dit est d’une toute autre dimension.

Ils ont demandé comment articuler le bottom up et le top down, avec un minimum de moyens pour traiter les enjeux globaux : l’exemple de Gouzangrez, 70 habitants, dont ils font un cluster moutarde de qualité met autour de la table les 170 maires qui structurent le territoire, qui posent objectifs et moyens de traiter la menace climatique mais aussi les enjeux économiques, sociaux.

Productions de jury et prises de position de participants :

Au delà du constat de convergence entre les propositions des 4 équipes et de prises de positions variées, le jury a émis trois types de remarques et a entendu quelques réponses ; un début de vision partagée :

  • Certaines de ces visions existent déjà, elles sont mises en oeuvre ici ou là, tant en entreprise que dans la vie locale, ce qui signifie que la “graine” d’expérience n’est pas toujours à inventer. Alors pourquoi n’allons nous pas aujourd’hui, plus vite et plus loin se sont-ils entendus dire ?
  • Le terrain dégagé par l’action locale pourrait préparer un lit douillet aux Gafam…. à moins que la prise de conscience de ce qui doit rester, le libre arbitre, ne reprenne le dessus. Au delà des nécessaires règlements européens, et de l’indispensable débat permanent sur les réseaux comme dans les médias, il revient à chacun de prendre conscience et de tirer les conséquences de cet enjeu ultime. Comment si ce n’est en repartant des êtres humains?
  • Considérer le local comme seul moteur de transformation de la société, hors toute intervention de l’action publique serait dangereux, en ce qu’il peut être favorable au progrès des populismes. C’est d’un membre du jury provenant de l’autre côté de l’atlantique que provient cette remarque. Il n’est pas le seul à l’avoir faite. Sur le même thème est avancé le constat de la diversité des moyens des populations à imaginer le monde,-culturels, intellectuels et matériels-, mais aussi une question : le modèle proposé est-il additif ou substitutif ?

A l’inverse du tout local, si le mécontentement et la défiance de nos contemporains vis à vis de l’action collective ne sont pas entendus, le risque est tout aussi patent. Les actions modestes proposées sont précisément à portée de chacun tandis que les modèles proposés, dit cette jeune génération, ne sont ni additifs ni substitutifs mais de transition.

L’articulation des initiatives locales et de la gouvernance globale des territoires apparait bien incontournable, dans un nouvel état d’esprit.

D’ailleurs, à la dernière question du jury : “Comment allez vous faire ?” La réponse du dernier interpellé claque : « Nous avons besoin de vous tous pour répondre à cette question. »

Bertrand Warnier   Solenne Sari Jean-Michel Vincent

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