Peut-on réduire drastiquement notre consommation de gaz russe

V2 14 mars 2022

Comment réduire à zéro  notre consommation de gaz russe avant l’hiver ? Avec un Tableau check list des actions, le détail de leur évaluation et une estimation des économies en euros et en CO2.

Tableau check-list

Sans toucher au gaz nécessaire à notre industrie ni à notre agriculture, nous pouvons diviser par deux nos importations, tout de suite, les réduire à zéro avant l’hiver prochain; nous, habitants, entrepreneurs, élus locaux, à la maison, dans nos bâtiments publics et privés; ce que le ministère appelle le résidentiel et le tertiaire. Ci-après une check-list pour vérifier que vous avez tout fait ou pour identifier le reste à faire.

Extrapolées à l’Europe (à préciser donc), les évaluations de ces actions pointent une réduction de l’ordre de 40% des importations au niveau européen. L’évaluation mérite d’être faite, la check list diffusée.

Source de la base de calculs :  chiffres-cles-de-l-energie-edition-2021 du ministère.

On peut sûrement  faire mieux mais cette évaluation donne à réfléchir et agir, en France, en Europe et dans le monde.

1-Tout de suite

Les citoyens que nous sommes ont la main sur le secteur résidentiel-tertiaire : ce secteur consomme directement 48% du gaz importé. (2/3 résidentiel, 1/3 tertiaire). Le chauffage et l’eau chaude sanitaire pèsent respectivement 77% et 14% de ces 48%.

En première approximation, il est supposé que le secteur tertiaire a les mêmes caractéristiques de réduction de consommation de gaz que le logement [1].

L’assiette d’économie de chauffage plus eau chaude sanitaire est alors de 48% par (77+14%) = 43 % du gaz importé pour ces usages ; auxquels il faut ajouter 5% [2]de consommation de gaz pour produire de du chauffage urbain et de l’électricité dite de cogénération ; soit 48% de nos importations.

Actions :

La température ressentie est une moyenne entre la température du thermomètre et la température de vos murs. D’où le pull, pour descendre d’un degré au moins au thermomètre, en attendant d’avoir isolé votre logement, vos bureaux, vos ateliers, de préférence par l’extérieur.

  • 1° de moins de chauffage, c’est 7% d’économies annuelles. Mettez un pull.
  • Pensez à une douche plutôt qu’un bain, divisez par deux votre temps sous la douche ou fermez le robinet de la douche pendant que vous vous savonnez, vous gagnez encore 7%.
  • Modulez votre consommation avec votre occupation : jour-nuit, travail-vacances ; 2°C de moins pendant 6h la nuit, de 3 à 4% d’économie.
  • 8 à15 jours de vacances en hiver, 15°C de moins, de 6 à 12% d’économie.
  • Il faut une minute pour changer la totalité de l’air d’une chambre. Quand vous aérez une pièce, fermez au moins les portes pour ne pas vider l’air chaud de tout votre logement en quelques minutes. Et si vous ouvrez vos fenêtres une heure par jour, arrêtez les radiateurs : une heure sur 24 heures, 4% d’économies
  • Vous pouvez aussi ne chauffer que les pièces que vous utilisez en hiver. Quand les enfants sont partis faire des études par exemple. Une pièce à 10°C de moins, 3 mois de chauffe par an : 7 à 10 % d’économies par pièce, autour de 2% par logement.

Evaluation :

Il y a là de quoi gagner au total de 20% minimum et jusqu’à 36 % sur votre facture de chauffage et eau chaude sanitaire (la connaissez-vous ?) ; gardons 20% d’économies tout de suite.

20% minimum d’économies sur 48% d’assiette, soit 9,6 % du total des importations.

Le gaz russe pèse 17% dans nos importations françaises. On peut donc du jour au lendemain priver la Russie de Poutine de la moitié de ses revenus gaziers français (9,6 sur 17%).

Au niveau européen, les importations de gaz se montent à 40%. La même économie supposée au niveau européen conduit à priver Poutine tout de suite de 20% environ de ses revenus gaziers européens (9,6 sur 40%). Un signal instantané qui ne serait pas qu’un avertissement mais bien une contribution à la fermeture du financement de la guerre contre l’Ukraine.

2- à 3 mois

Pour augmenter le pourcentage d’économies, il faut investir un peu : de tout petits investissements qui font grimper le pourcentage en rendant confortable la gestion des économies.

Actions :

  • Si ce n’est déjà fait, posez des robinets thermostatiques sur vos radiateurs : de l’ordre de 10% d’économies.
  • Si ce n’est déjà fait, en chauffage individuel, faites poser un régulateur ; (les 200 à 300 euros pour faire poser le régulateur sont amortis en une à deux saisons pour 100-60 m2).
  • En chauffage collectif, faites de même et entendez-vous pour baisser la température de 2° entre 23 heures et 5 heures du matin par exemple. A noter que depuis la loi Elan (2018) les copropriétés sont tenues de compter et de facturer les consommations réelles par logement ; ça aide.
  • Vous pouvez encore gagner sur la douche en installant un pommeau de douche économique, en faisant poser un robinet thermostatique. 3,5% d’économie au moins (la moitié de la moitié de 15%)
  • Et comme une partie de l’électricité et produite à partir de gaz, si ce n’est déjà fait remplacez chaque appareil électroménager en bout de vie par un A+++, posez un minuteur pour éteindre les veilles de nos nombreux appareils et ordinateurs, changez vos dernières ampoules pour des leds.

Evaluation :

Avec ces décisions nouvelles ou de  facilitations de la gestion de la première vague que nous avons partiellement compté, nous arrivons à 40% d’économies.

Sur la même assiette de nos importations françaises de gaz russe : nos importations  ne sont plus nécessaires (19,2% sur 17%) ; diminution de 40 % au moins au niveau européen (19,2 sur 40%). Avant l’hiver prochain donc.

L’économie réalisée sur le logement moyen est de 40% de 126,5 TWh divisé par 11,4 Millions de résidences principales au gaz, soit 4400 kWh/logement soit à 9 c le Kwh, 400 euros par logement. Ce montant varie beaucoup avec votre logement : de 200 euros pour un petit appartement à 700 euros pour une grande maison.

3- à 3 ans :

Pour aller au-delà, il faut investir vraiment, ce qui prend du temps. Mais les économies engrangées peuvent permettre de financer une partie des investissements et le reste sera financé par les économies supplémentaires résultant de l’investissement.

Une remarque préalable : Chauffé à 20° au thermomètre, avec des murs à 16°, vous ressentez 18°C. Chauffé à 18° avec des murs à 18°, vous ressentez 18°C. (entre les deux, 14% d’économies). Le meilleur besoin est bien celui que l’on n’a pas à satisfaire : isolation donc. Mais la production d’énergies renouvelables est incontournable.

Actions :

  • L’isolation de votre logement, de préférence par l’extérieur, coûte en moyenne 30 000 euros pour 100m2. A ce tarif-là, vous divisez par deux vos consommations et vous gagnez en confort. Le temps de retour sur amortissement est de l’ordre de la vingtaine d’années. Ce n’est pas donné à tout le monde. Le tiers d’entre nous en a les moyens.

L’Etat a beaucoup amélioré les subventions pour les autres. Des solutions existent pour le parc social locatif.

  • Le solaire est une bonne façon de bénéficier d’une énergie gratuite dans la durée, sans dictateur. Avec des ballons d’eau chaude sanitaire solaires ou la production d’électricité locale notamment. Sujet technique, il existe des associations qui ont fait leur preuve pour monter des projets photovoltaïques par exemple : https://energie-partagee.org/
  • Le développement des filières d’écomatériaux est une bonne manière d’allier réduction de la dépendance énergétique, efficacité énergétique, confort de vie, création d’emploi local non délocalisable et agriculture nouvelle. Le chanvre est emblématique, il n’est pas le seul.

Pour plus de solutions, développées par des acteurs locaux. : https://agirlocal.org/vitrine/

Evaluation :

On doit pouvoir isoler par an 400 000 équivalent-logements chauffés au gaz en privilégiant les ruines énergétiques et ceux qui sont à la limite ; avec une division par deux au moins de la consommation. (4 millions de logements environ sont dans ce lot). Un calcul sommaire conduit à 400 000 équivalents logement sur 11,4 millions chauffés au gaz soit 4% environ isolés par an, à 50% de réduction, avec un coefficient correcteur de 1,5 (plus de consommations donc plus d‘économies que la moyenne), soit environ 3% d’économies par an. 6 % à 3 ans, le temps de mettre en route cette action la première année.

On grimpe à 49% d’économies à 3 ans, sur les mêmes 48% de nos importations, soit 22% de réduction des importations en France. Ce qui dégage un peu de capacités d’importations non russes pour le reste de l’Europe (22% sur 17% dégagent 5% des importations françaises au profit de l’Allemagne par exemple). Avec le même calcul européen, réduction de moitié (20% sur 40%).

Vérification en TWH : les importations françaises de gaz russes se montent à 90 TWh ; les économies immédiates et avant l’hiver de 40% sur 212 TWh font 85 TWh sur 90TWH importés.

Au passage, la réduction de nos émissions territoriales de gaz à effet de serre -comptées à 240 geCO2 par kWh- est de 20 millions de TeCO2 par an soit 3% de l’empreinte carbone nationale.

Généralisons à la planète, sans augmenter les quantités de gaz extrait. Que donnerait une telle décision des consommateurs de gaz importé, sur Poutine, si la démarche était mondiale ?

Par son impact sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, cette solution a été sélectionnée par le jury Agirlocal et mise en vitrine : https://agirlocal.org/3-co2e-400e-logement-zero-gaz-russe/

 

[1] La check list ci-après est centrée sur le logement ; la transposition aux autres bâtiments est aisée.

[2] 19 sur 75 TWH utilisés pour les centrales électriques et le chauffage-cogénération d’électricité  par 19% importés.

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