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Agir Local

POUR CONTRER À SON NIVEAU LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le mur climatique et la classe moyenne mondiale 4 pages

Nous sommes le problème, nous sommes la solution

 

Le mur climatique :

Le thermomètre de Mauna Loa, dans le pacifique, mesure la concentration de gaz à effet de serre depuis le début des années cinquante. Il a pointé 410ppm en avril dernier ; à 415 ppm nous déclenchons 1,5°C, c’est à dire dans 18 mois à la vitesse à laquelle nous émettons; à 450 ppm nous déclenchons le seuil de déclenchement irréversible des 2°C, de l’emballement de la machine climatique ; à la même vitesse actuelle, dans les années 2030.

Constat 2018 : avec une atmosphère un degré plus chaude qu’avant la révolution industrielle, les effets du changement climatique apparaissent chaque jour plus critiques sur la planète : plus de maladies, de mortalité, de pertes économiques, de pertes de rendements agricoles, plus de précipitations et de sécheresses, inondations amorcées des côtes les plus basses où vivent 40% des humains, déclenchements à répétition de migrations et de guerres, ravage de pays entiers. Et ce n’est qu’un début, le CO2 une fois installé, reste au moins un siècle dans l’atmosphère : les effets se font sentir à long terme, la machine à perdre tourne à plein régime.

Qui en est la cause ? La classe moyenne et supérieure mondiale émet plus de 80% des gaz à effet de serre. 2 milliards d’être humains aujourd’hui, qui disposent d’au moins 10 $ par jour, pour moins de 500 millions il y a seulement 30 ans. Ils produisent ces gaz, aux trois quarts par l’utilisation d’énergies fossiles, au quart par la déforestation pour des meubles en teck ou le soja qui alimente le bétail. Nous sommes le problème, nous sommes donc la solution.

Une réduction d’un tiers de nos émissions nous donnerait 8 à 10 ans de plus pour agir. Un changement de comportement permet de réduire de 20% ces émissions, instantanément, sans investissement ; de les réduire de 30% en 3 ans, avec des investissements mineurs.

Cette réduction n’est pas une question de niveau de vie. En Île de France, le rapport entre les émissions territoriales des 1300 communes et leur indice de développement humain montre que l’on peut avoir le même développement humain avec 30% à 50% d’émissions en moins.

Mentalités :

80% des émissions de gaz à effet de serre sont le fait des villes où se concentre la moitié de l’humanité. Les métropoles en sont le moteur. Symptomatique, l’agence qui pousse à l’innovation développement durable en France a constaté que dans la même maison, les consommations d’énergie et les émissions donc, varient de 1 à 4 (de 2700 à 10900kwh) selon les comportements de la famille, leur mode de vie.

Les gouvernants, où qu’ils soient, ont depuis longtemps compris que la moitié des émissions tient aux comportements, quels que soient les politiques mises en oeuvre,-réglementation, incitations-, l’autre moitié est le fait des territoires tels qu’occupés,-ville campagne-, structurés notamment par les lieux de logement, d’emploi, de loisir et d’échanges, résistance des lobbies accros aux ressources fossiles inclus. Les êtres humains et leur milieu font système, un système structurant en même temps que structuré par les comportements. Le métabolisme des territoires, en résulte : consommations et productions locales, flux entrants et sortants des territoires, personnes, marchandise, connaissances et argent.

L’économie linéaire,-Production-consommation-déchets, ruine notre écosystème :10 Tonnes de ressources par an pour un européen, 340 T accumulées au fil du temps et 5 T de déchets par an, 60 T accumulées.

Ecarter la menace climatique demande de changer les mentalités et le métabolisme des territoires qui en résulte, sédimenté au fil des générations par les investissements d’occupation des esprits et des territoires.

L’électricité photovoltaïque, longtemps rejetée par EDF, l’entreprise historique de production et distribution de l’électricité française, en quasi totalité d’origine nucléaire, en est un exemple concret. La pression des initiatives en France et à l‘international a fini par déborder ces résistances. Le photovoltaïque est désormais moins cher que le nucléaire. EDF s’est lancé en décembre dernier dans un grand plan de développement du photovoltaïque et de stockage de cette production d’électricité intermittente. Le premier groupe pétrolier français a fait de même. Le fournisseur de gaz historique a un plan de production de bio-méthane visant 30% des consommations nationales.

L’énergie, un des 4 piliers de la réduction des émissions, est ainsi en bonne voie. Les 3 autres, alimentation, bâtiments et mobilités, dépendent beaucoup de nos modes de vie au quotidien. La viande à tous les repas, la voiture marqueur social, comme les week-end en avion en sont les symboles majeurs.

Intelligences territoriales :

Si la classe moyenne et ses modes de vie sont désormais au cœur des enjeux de changement de métabolisme des territoires, comment procéder ?

La région apparaît incontournable : la bio région permet de faire pousser des nourriture, éco-matériaux et éco-énergies à la campagne pour les consommer en ville ; et change les rapports ville-campagne.

Mais puisqu’il s’agit de nos modes de vie, il nous faut aussi agir à la commune, là où nous vivons c’est à dire là où nous pouvons en décider. Connaissons nous notre impact à cette échelle de territoire ? Non. Les données publiques existent elles ? Non, sauf exception, en Île de France, où plusieurs milliers d’acteurs locaux, ont bâti un outil, validé par l’Association des maires, sur le mode enjeux, lignes d’actions indicateurs qui permet à chaque habitant, entrepreneur, élu local de mesurer son impact sur son territoire, de fabriquer des projets qui changent efficacement le métabolisme de ce territoire : https://www.agirlocal.org/resume-d-amenagement-durable/

L’échelle métropolitaine est tout aussi nécessaire car elle permet de changer le métabolisme par la demande. Quand Paris et le C40 agissent en ce sens,- l’interdiction de la voiture diesel en 2024 est emblématique-, les lobbies ne peuvent pas continuer de bloquer les évolutions. Avec 1,3 millions d’habitants, Copenhague lancée depuis 2009 est en passe de réussir le zéro carbone à l’horizon 2025.

Le plan climat de Paris qui vise le même objectif zéro carbone mais à l’horizon 2050 avec une étape en 2030, pèse 2,2 millions d’habitants au coeur d’une région de 12 millions d’habitants. Et constate qu’il va falloir compenser financièrement pour les derniers 20% de réduction des émissions ; ce qui ouvre une collaboration financée ville-campagne, à hauteur de 7 milliards d’euros par an à terme.

Le tout nouveau Grand Paris, d’une taille intermédiaire entre la région et Paris, 7 millions d’habitants, est un levier qui n’est pas encore actionné à ce niveau, comme la région, mais les travaux préparatoires du comité des partenaires ont pointé un constat désespérant et trois leviers pour agir. A rebours de la planification à la française (plans, hyperplans, Rantanplan), il s’agit de :

  1. Organiser un plan climat proactif, libérant les énergies de ces millions de décideurs. En leur fournissant un cadre identifiant les gisements stratégiques de réduction, et une boite à outils pour auto-mesurer leur impact sur la planète ainsi que l’efficacité des projets imaginés,
  2. Construire une vitrine métropolitaine, favorisant les initiatives, aidant à les faire émerger, installant une ingénierie, tiers de confiance, mettant en valeur les projets démonstrateurs et accompagnant leur démultiplication, à plusieurs millions.
  3. Créer un fonds transition pour ces projets, innovants, reproductibles.

https://www.agirlocal.org/groupe-transition-de-la-metropole-du-grand-paris/

S’organiser pour converger sans être obligé de se coordonner

3 échelles de territoire donc, région, métropole, commune, un peu plus en France avec les intercommunalités, peuvent apporter des solutions, chacune à l’échelle adaptée : les bâtiments à la commune, les mobilités à la région, la nourriture comme les énergies à différentes échelles de territoire. Et un double tableau de bord projet-territoire pour changer efficacement le métabolisme des territoires.

La proposition faite à la métropole du Grand Paris permet de s’organiser pour ne pas avoir à se coordonner à plusieurs millions d’acteurs locaux, ce qui est impossible, mais de converger sans se coordonner, par des actions locales mesurées avec un outil comme @d aménagement durable, Avec des actions, des projets, des démonstrateurs reproductibles sur des gisements stratégiques identifiés.

Ce qui pourrait structurer un outil, à construire, la vitrine à projets ; et laisse entière la question du tiers de confiance : qui, comment, avec quelles caractéristiques ? Comme la question du récit, convaincant et impliquant : la fresque du bon gouvernement proposée par Quattro libri est une réponse https://www.agirlocal.org/soiree-transition-de-latelier-la-vie-dans-les-metropoles-au-xxieme-siecle/ .

Et comme celle, majeure, du traitement concret de la transition par l’inclusion et réciproquement.

Tout au bout pointe ce qui fait société au quotidien: la monnaie et les financements : ceci est une invitation à prendre connaissance de la proposition faite en Europe par le climatologue Jean Jouzel, du Giec, et l’économiste Pierre Larrouturou : elle apparaît scandaleusement simple et transposable dans le reste du monde. https://climat-2020.eu/fr/ et pour comprendre en 2 pages : https://www.agirlocal.org/pacte-finance-climat/

À propos

Alors que 3 jeunes sur 4 sont angoissés par l’avenir climatique, 26 COP et plusieurs lois transitions nationales n’ont pas réduit nos émissions de gaz à effet de serre.
Il reste 10 ans pour écarter la menace climatique et une voie que nous n’avons pas empruntée : l’action locale, méthodique, outillée, massive, là où nous vivons, là où nous pouvons en décider.
La classe moyenne et supérieure mondiale -qui émet 80% des gaz à effet de serre- tient son avenir entre ses mains.
A l ‘expérience, réduire ses émissions fait gagner du pouvoir d’achat et du bien-être, crée de l’emploi près de chez soi, réduit les inégalités et crée une nouvelle forme de démocratie dans l’action. De quoi maitriser notre avenir dans le plaisir de vivre.
Si Copenhague est en passe de réussir zéro émissions carbone, pourquoi pas nous ?

Acquis et intentions 2016

Raccourcis