Agir local

POUR CONTRER À SON NIVEAU LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

V20220330

Adapter & reproduire

Le temps des solutions

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I- RĂ©sumĂ© Ă  l’intention des dĂ©cideurs (2p) :

1.Une efficacité construite

Les scientifiques du climat nous alertent depuis 40 ans, nous créons la menace climatique : nous sommes le problÚme nous sommes donc la solution.

Elle n’est pas dĂ©sagrĂ©able : Ă  l‘expĂ©rience, rĂ©duire son empreinte carbone crĂ©e du pouvoir d’achat, du bien-ĂȘtre, crĂ©e de l’emploi prĂšs de chez soi, rĂ©duit les inĂ©galitĂ©s et, de façon inattendue, crĂ©e une nouvelle forme de dĂ©mocratie, dans l’action.

Pourtant 26 COP, internationales donc, et plusieurs lois nationales non pas mĂȘme arrĂȘtĂ© la croissance de nos Ă©missions de gaz Ă  effet de serre. RĂ©sultat : Il reste 10 ans avant le dĂ©clenchement des 2°C de rĂ©chauffement.

Nous ne pouvons donc pas continuer Ă  tout attendre, de fait, de nos gouvernants nationaux. Il est plus que temps d’agir efficacement lĂ  oĂč nous vivons, c’est Ă  dire lĂ  oĂč nous pouvons en dĂ©cider, de la maison Ă  la rĂ©gion, en cohĂ©rence avec les actions nationales et internationales.

DĂ©cisive, cette action locale a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par les travaux de plusieurs milliers d’acteurs locaux ces 15 derniĂšres annĂ©es. L’acceptabilitĂ© des solutions efficaces mises en Ɠuvre un peu partout en France est dĂ©montrĂ©e localement, ces solutions restent pourtant invisibles au plus grand nombre. Elles ne demandent qu’à ĂȘtre adaptĂ©es et reproduites massivement.

La mobilisation sur ces solutions de 30 millions de familles, 5 millions d’entrepreneurs et un demi-million d’élus locaux, articulĂ©s Ă  l’action des gouvernants nationaux et supra nationaux, est un levier puissant, multi-acteurs et dĂ©centralisĂ© pour Ă©carter la menace Ă  temps, dans le plaisir de vivre.

Dans une stratégie qui tient en 4 mots : « Compter carbone et agir ».

Le territoire est bien un lieu potentiellement moteur pour contrer la menace climatique, en changeant d’échelle : l’action locale mĂ©thodique, outillĂ©e, massive, pour porter son impact à hauteur des enjeux.

Afin de rendre cette stratĂ©gie opĂ©rationnelle, Agirlocal a Ă©tĂ© fondĂ©e fin 2020 par une douzaine de citoyens, 3 maires, l’ESSEC, CY Cergy-Paris UniversitĂ© et la Banque des Territoires de la Caisse des DĂ©pĂŽts.

2. Une stratégie opérationnelle 

Pragmatiquement, Agir Local a lancé un appel national à solutions efficaces pour les partager en les mettant en vitrine, avec une méthode documentée pour les adapter-reproduire  www.agirlocal.org.

Les 28 solutions recueillies Ă  ce stade sont identifiĂ©es dans les 6 champs d’action Ă  portĂ©e de dĂ©cision locale, de la maison Ă  la rĂ©gion : Nourriture-agriculture, dĂ©placements, bĂątiments, Ă©nergies, biodiversitĂ© (notre assurance vie) et Ă©ducation populaire-formation (dans l’action).

Des outils ont Ă©tĂ© forgĂ©s pour les trier et mesurer leur efficacitĂ© avant d’agir.

L’efficacitĂ© carbone s’applique particuliĂšrement bien aux 5 premiers champs d’action, mĂȘme si chacun demande d’autres mesures d’efficacité : sociale, Ă©conomique, de biodiversitĂ©, culturelle. Le 6Ăšme champ d’action est incontournable pour mettre en oeuvre les 5 premiers.

Un tableur carbone gratuit permet d’évaluer l’empreinte carbone locale de la commune Ă  la rĂ©gion, en moins d’une heure.

Un dialogue avec des porteurs de solution a permis de calculer le potentiel de rĂ©duction de l’empreinte carbone locale et nationale, si leur solution Ă©tait gĂ©nĂ©ralisĂ©e.

3. Une efficacité démontrée par des acteurs locaux, pour des acteurs locaux

Ce premier recueil de solutions a mis en Ă©vidence le potentiel de rĂ©duction local des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre : 8 des 28 solutions recueillies Ă  quatre coins de la France, rĂ©duisent de 17% l’empreinte carbone nationale, si elles sont gĂ©nĂ©ralisĂ©es.

Ces solutions recueillies font gagner du temps, de l’argent et de l’énergie. Au lieu de recommencer 35000 fois de zĂ©ro, elles sont rassemblĂ©es par Agirlocal, Ă©valuĂ©es et partagĂ©es pour que chacun puisse adapter les solutions qui vont bien aux spĂ©cificitĂ©s de son territoire ; et mieux les reproduire mĂ©thodiquement, sans essuyer les plĂątres de leur mise au point initiale.

Ces solutions sont massivement reproductibles et peuvent donc contribuer efficacement Ă  Ă©carter la menace climatique :   Elles rĂ©pondent Ă  un besoin identifiĂ© et commun Ă  de nombreux territoires. Elles sont opĂ©rationnelles sur au moins un territoire. On dispose d’un recul suffisant pour analyser leurs forces et faiblesses et les amĂ©liorer, ensemble.

En recueillir une cinquantaine, avec vous, pour une efficacitĂ© Ă  hauteur des enjeux, les partager, co-construire progressivement une ingĂ©nierie publique tiers de confiance apte Ă  faciliter leur adaptation-reproduction en coopĂ©rant Ă  toutes les Ă©chelles de territoire, appeler nos gouvernants nationaux et europĂ©ens Ă  renforcer notre action locale, telle est la feuille de route d’Agirlocal.

En 2 pages :  https://agirlocal.org/pourquoi-comment-agir-local/

La prĂ©sente note d’ensemble a pour objet d’esquisser l’adaptation-reproduction mĂ©thodique, outillĂ©e, massive des solutions locales efficaces recueillies par Agirlocal. Celles qui vont bien sur votre territoire, en complĂ©ment des politiques locales aujourd’hui mises en Ɠuvre.

4. Conjuguer le territoire et les solutions

L’outil de base pour une approche mĂ©thodique est le tableur carbone fabriquĂ© pour les territoires. Il est probable que le bilan carbone que vous avez payĂ© n’évalue que la moitiĂ©, voir le tiers des Ă©missions de votre territoire : les donnĂ©es publiques utiles au calcul disparaissent en effet au fur et Ă  mesure que l’on passe du national Ă  la commune.

Le tableur carbone mis gratuitement Ă  votre disposition Ă©value donc l’empreinte carbone de votre territoire Ă  partir des Ă©missions nationales calculĂ©es par le Haut conseil pour le Climat, y compris les Ă©missions importĂ©es par les achats Ă  l’étranger de biens et services. FondĂ© sur l’expĂ©rience du calcul carbone Ă  la commune en Ile-de-France, dĂ©veloppĂ© par une direction rĂ©gionale du ministĂšre, il rĂ©parti l’empreinte nationale au prorata de la population, l’emploi et le revenu des habitants. https://agirlocal.org/mode-calcul-emissions-co2e-a-la-commune/

Cette Ă©valuation a le mĂ©rite de vous donner la bonne mesure de l’efficacitĂ© des solutions et politiques locales en regard de l’objectif Ă  atteindre : passer de 12 Ă  2 Tonnes Ă©quivalent C02 par habitant sur votre territoire avant le dĂ©clenchement des 2°C de rĂ©chauffement.

Vous pouvez alors augmenter votre efficacitĂ© en Ă©valuant les solutions et vos politiques, projet par projet avec un indicateur simple, le kgeCO2 Ă©conomisĂ© Ă  l’euro investi ou dĂ©pensé ; et rĂ©orienter l’allocation de vos moyens humains et financiers en consĂ©quence.

Les pages ci-aprĂšs donnent une visibilitĂ© Ă  votre dĂ©cision d’écarter mĂ©thodiquement la menace climatique lĂ  oĂč vous pouvez en dĂ©cider. Cf le sommaire en fin de document.

Elles esquissent un processus Ă  votre disposition, documentĂ©, en mode action dĂ©terminĂ©e :  solutions mode d’emploi, dĂ©clencher, dĂ©velopper, co-construire.

La prĂ©sente note d’ensemble et les 28 solutions sont mises en vitrine sur :    https://agirlocal.org/vitrine/

II- Solutions, mode d’emploi 

 1. La vitrine à solutions

  • Chacune des 28 solutions y est prĂ©sentĂ©e en une vingtaine de lignes, celles du dossier du jury. Pour une lecture commode de l’ensemble de ces notes individuelles (en une heure) : https://agirlocal.org/wp-content/uploads/sites/15685/2021/05/AGIRLOCAL_Dossier-de-presse_23.11.2021_28.pdf
  • La fiche de rĂ©ponse Ă  l’appel national en dit plus en un recto-verso avec un contact, leur site.
  • 10 des 28 solutions sont en outre prĂ©sentĂ©es dans une note « Adapter-reproduire » pour faciliter le lancement de leur mise en oeuvre mĂ©thodique par des acteurs locaux dĂ©cidĂ©s. Elles sont signalĂ©es par un astĂ©risque.

A l’intention du dĂ©cideur en manque de temps, la premiĂšre page de chacune de ces 10 notes « Adapter-Reproduire » prĂ©senteun rĂ©sumĂ© de la solution en quelques lignes et au verso pourquoi il y a intĂ©rĂȘt local Ă  la reproduire.

A l’intention des porteurs potentiels, les pages suivantes sont rĂ©digĂ©es pour donner une visibilitĂ© et prĂ©parer le lancement de la reproduction mĂ©thodique. Elles dĂ©crivent son montage et ses pĂ©ripĂ©ties puis rĂ©pond Ă  : par oĂč commencer, avec qui, quels moyens et quels documents clĂ©s, associĂ©s.

Localement, la lecture de ces notes « adapter-reproduire » suppose que la décision de reproduire soit (presque) prise ; d’où les 5 Ă  10 pages par solution. Sinon qui lirait ? Elles ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es en se mettant autant que faire se peut dans la peau du reproducteur potentiel (décideur politique ou porteur technique que nous sommes ici ou lĂ ), en fournissant des arguments consistants pour convaincre ; convaincre les autres décideurs, les autres acteurs locaux, les acteurs de la solution, comme ceux qui en profiteront si l’adaptation- reproduction se fait.

Mais ce n’est pas strictement du prêt à porter. L’intelligence et la réflexion des acteurs, l’une et l’autre locales, sont supposées être mises en route par ce balisage des perspectives et des résultats que l’on peut en attendre et ce à l’échelle d’un territoire qui n’est pas forcément le vĂŽtre : par exemple une agglomĂ©ration et un Parc Naturel RĂ©gional oules divers détenteurs des bâtiments publics sur une communautĂ© de communes avec l’ambition de faire levier sur les bĂątiments privés.

La multiplicité des accroches de chaque solution en résulte, la multiplicité des personnalités aussi (des territoires et des acteurs), des redites ici ou lĂ , dans l’espoir que chacun puisse s’y reconnaitre, entendre, faire son marché, argumenter et monter méthodiquement la reproduction de la solution avec d’autres.

2. Les outils Ă  disposition

Dans le dĂ©tail, les outils mis Ă  disposition -tableur carbone et son mode d’emploi, kit transition, kit formation- vont du « pourquoi-comment agirlocal » Ă  une note sur la prise en main des enjeux du changement climatique par les Ă©lus territoriaux en passant par une introduction Ă  un Ă©change citoyen, des prĂ©sentations et un document-outil consistant :  Il dĂ©veloppe la question climatique, des outils, un exemple concret sur une commune avec des solutions -seul et ensemble- dans 4 champs d’action (nourriture, dĂ©placements, bĂątiments, Ă©nergies) se termine par un appel argumentĂ© Ă  nos gouvernants (09-2019, 43 pages illustrĂ©es).

Ces documents écrits en situation, ont été utilisés à un moment ou à un autre et communiqués sur notre site : www.agirlocal.org/category/outils/

Plus systĂ©matiquement et affichĂ© en page d’accueil de www.agirlocal.org , un parcours trace Ă  votre attention (et celle des acteurs locaux Ă  convaincre), ce chemin de l’action locale, mĂ©thodique, outillĂ©e, massive : Compter carbone, 28 solutions efficaces, par oĂč commencer et co-dĂ©velopper Agirlocal

Un parcours qui commence par : déclencher une dynamique.

III- Déclencher une dynamique

C’est la premiĂšre Ă©tape de l’adaptation- reproduction : analyser le territoire et les solutions afin de dĂ©terminer leurs complĂ©mentaritĂ©s avec les dĂ©veloppements en cours sur votre territoire, pour rĂ©duction drastique de son empreinte carbone.

1. Votre empreinte carbone

Le premier acte est donc celui de l’évaluation de l’empreinte carbone de votre territoire. Le tableur carbone Agirlocal permet son calcul en moins d’heure, gratuitement, de la rĂ©gion à la commune : https://agirlocal.org/mode-calcul-emissions-co2e-a-la-commune/.

Cette Ă©valuation, que vous pouvez faire seul, permet de mesurer l’efficacitĂ© des politiques de rĂ©duction mises en place sur votre territoire et celle des solutions qui viendraient complĂ©ter votre dispositif, si elles sont mĂ©thodiquement gĂ©nĂ©ralisĂ©es sur votre territoire.

Cette Ă©valuation quantifie donc l’écart Ă  combler pour diviser par 6 les Ă©missions de nos territoires : en moyenne nationale, de 12 Ă  2 Tonnes Ă©quivalent CO2 par personne, selon le Haut Conseil pour le Climat.

Pour faire cette évaluation sur votre commune, intercommunalité, département, région et aider les autres acteurs à commencer à compter : https://agirlocal.org/compter-carbone/

Cette mesure est dĂ©clenchante : le degrĂ© de mobilisation locale dĂ©pend de la prise de conscience chiffrĂ©e de la menace climatique et de notre capacitĂ© Ă  l’écarter dans le temps qui reste par la voie de l’action locale mĂ©thodique, outillĂ©e, massive.

En ce sens, les Ă©carts entre cette Ă©valuation et le bilan carbone que vous avez fait ou fait faire sont instructifs : ils font apparaĂźtre le manque de donnĂ©es locales comme la diffĂ©rence entre rĂ©alitĂ© des Ă©missions Ă  rĂ©duire et la perception de la rĂ©alitĂ© de nos Ă©missions 
 sur laquelle sont fondĂ©es vos dĂ©cisions.

A noter que l’entrĂ©e en lice de l’Etat serait dĂ©cisive pour rĂ©duire cette diffĂ©rence bilan carbone- rĂ©alitĂ© Ă  zĂ©ro.

2. Votre territoire et les solutions

Sur la base de cette Ă©valuation par le tableur carbone Agirlocal, vous pouvez complĂ©ter et accĂ©lĂ©rer la dĂ©carbonation de votre territoire avec les solutions recueillies par Agirlocal, pour autant que ces solutions soient adaptĂ©es ou puissent l’ĂȘtre ; en rĂ©flĂ©chissant pour chaque solution Ă  une bonne Ă©chelle de territoire.

  • Du cĂŽtĂ© de votre territoire, deux particularitĂ©s sont dĂ©cisives : l’identification du gisement local de reproduction des solutions et leur tri par efficacitĂ© dĂ©croissante d’une part, et de l’autre les acteurs mobilisables et ce quitte Ă  aller chercher d’autres acteurs voisins, dans un Ă©change de bons procĂ©dĂ©s.
  • Du cĂŽtĂ© de la mĂ©thode, la question sempiternelle est : par oĂč commencer ? Avec qui ?
  • Du cĂŽtĂ© de chaque solution, il s’agit de s’assurer que les ingrĂ©dients indispensables Ă  sa rĂ©ussite ont bien Ă©tĂ© identifiĂ©s et sont prĂ©sents ou peuvent ĂȘtre amenĂ©s sur le territoire.

Le gisement local de reproduction, par oĂč commencer, avec qui et les ingrĂ©dients indispensables sont dĂ©veloppĂ©s ci-aprĂšs.

A noter que l’appel Ă  solutions efficaces, national et permanent d’Agir local, a pour objet d’augmenter le nombre de solutions efficaces pour atteindre l’objectif de rĂ©duction de l’empreinte carbone.

Et, s’il n’y a pas suffisamment de solutions dĂ©jĂ  inventĂ©es, l’innovation territoriale de multiples acteurs locaux, adossĂ©e aux actions nationales et internationales demande Ă  ĂȘtre (un peu) organisĂ©e pour permettre de rĂ©partir les moyens et combler les derniers Ă©carts Ă  la rĂ©alisation de cet objectif.

3. Le gisement local de reproduction

Le plus parlant est de passer par des exemples de solutions sur leur territoire. Ce qui ouvre sur la recherche du bon périmÚtre de territoire pour une adaptation-reproduction efficace.

  • Chaque solution pointe un gisement local. Dans un aller-retour, Il dĂ©coule des caractĂ©ristiques du territoire et de l’efficacitĂ© carbone de la solution sur ce territoire.

Exemples :

– La solution Cantine de Chadi est adossĂ©e Ă  un lycĂ©e agricole qui comporte donc une ferme associĂ©e. Elle est facile Ă  reproduire partout oĂč il existe un lycĂ©e agricole. Pour autant elle peut ĂȘtre adaptĂ©e et reproduite dans toutes les cantines et restaurants d’entreprises.

Le potentiel local comme national est de 1% sans compter l’effet de levier sur les repas Ă  la maison, gĂ©nĂ©rĂ© par les bĂ©nĂ©ficiaires de la solution, professeurs, Ă©lĂšves et donc leurs parents : une classe, 60 parents d’élĂšves selon la formule de Citizens for Climate : www.littlecitizensforclimate.org/  Alors combien de cantines ? Ecole, collĂšge, lycĂ©e, enseignement supĂ©rieur, hĂŽpital, prĂ©fecture, entreprises et interentreprises
 Et combien d’agriculteurs qui produisent quoi ? Dans quel pĂ©rimĂštre ?

-Sur 3 communes mitoyennes, urbaines, la densitĂ© et la date de construction des logements rendent faible le potentiel de rĂ©duction de la solution chauffage urbain aux Ă©nergies renouvelables ; le gisement de la solution Tramayes (rurale !) mĂ©rite nĂ©anmoins d’ĂȘtre Ă©valuĂ©.

Parce que beaucoup de maisons ont Ă©tĂ© construites sous la forme de maisons groupĂ©es, la solution REV, rĂ©novation Ă©nergĂ©tique du Valmoutier a un potentiel de rĂ©duction de leur empreinte carbone locale de 4%, pour 2% environ au national. Mais la solution est dĂ©cuplĂ©e si la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique est faite avec des Ă©comatĂ©riaux comme le chanvre. L’association avec le parc naturel rĂ©gional du Vexin, mitoyen, est dĂ©cisive.

-L’appli Lightfoot mesure les Ă©missions carbone de nos achats d’objets neufs, soit 2 ,5 TeCO2 sur les 12 TeCO2 Ă©mises en moyenne par habitant et par an. Elle est utilisable telle que. Mais elle renvoie aussi Ă  la rĂ©paration, la mutualisation, la location, la rĂ©utilisation, le recyclage
 Toutes fonctions prĂ©sentes suffisamment ou pas sur votre territoire ou Ă  cĂŽtĂ©.

  • Nos Ă©tablissements humains, en ville et en campagne, conditionnent le gisement de reproduction de telle ou telle solution, son intĂ©rĂȘt ; et donc la mobilisation des acteurs locaux.

Exemples :

-Les tiers lieux sur les gares (1% d’efficacitĂ© carbone nationale) sont urbains par densitĂ©, extensibles au rural par volontĂ© politique. Ils reviennent Ă  faire venir le travail Ă  soi, en allĂ©geant les heures de pointe de tous. Leur gisement est assez directement lié  aux gares : 3000 pour 35 000 communes. Mais leur dĂ©veloppement en milieu rural serait prĂ©cieux. Combien d’emplois et d’étudiants susceptible d’y faire appel ? Dans quel pĂ©rimĂštre ?

-Les solutions d’éco-rĂ©novation de logements du Parc Naturel RĂ©gional de Brennes, le prĂȘt de vĂ©los Ă  assistance Ă©lectrique du Parc Naturel RĂ©gional du plateau des Millevaches sont toutes deux de campagne. Leur combinaison avec d’autres solutions mĂ©rite d’ĂȘtre rĂ©flĂ©chie (chauffe-eau solaire, Auto partage Clem, photovoltaĂŻque
 Un PNR c’est par dĂ©finition une ingĂ©nierie publique tiers de confiance. 30 cadres pour le PNR du Vexin pour 100 communes et 100 000 habitants.

Il n’y a pas de PNR Ă  proximité ? Le dĂ©veloppement de filiĂšres d’écomatĂ©riaux pour la construction et la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique des bĂątiments publics et privĂ©s de BiovallĂ©e Ă©nergie s’est localisĂ©e en pĂ©ri-urbain (1% d’efficacitĂ© carbone nationale). Hautes Terres d’Oc en rural dit profond. Peut-ĂȘtre parce que la nourriture, les Ă©co-matĂ©riaux, les Ă©co-Ă©nergies poussent Ă  campagne et sont consommĂ©es en ville.

  • Les dimensions sociales et Ă©conomiques se retrouvent souvent simultanĂ©ment dans les solutions climat, pas toujours. Elles caractĂ©risent leur gisement de reproduction territorial.

Exemples :

 –Energie Sprong dĂ©veloppe l’industrialisation de la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique Ă  partir d’une solution mise en Ɠuvre au Pays-Bas dĂšs 2012. ZĂ©ro Ă©nergie pour zĂ©ro coĂ»t pour le propriĂ©taire comme le locataire, moyennant un tiers payeur qui se rembourse sur les Ă©conomies d’énergie. Charges locatives indĂ©pendantes des cours du pĂ©trole, de l’énergie en gĂ©nĂ©ral, (dont le gaz russe) confort d’habiter, rĂ©duction des impayĂ©s
 Le tout dans un modĂšle sans subvention. Le gisement est de 14 millions de logements.

-K-Ryol construit des remorques Ă  assistance Ă©lectrique, pilotĂ©es par un vĂ©lo ou Ă  pied, au petit doigt. Elles emmĂšnent 250 kg de charge ou 1,3 M3. L’usine a Ă©tĂ© localisĂ©e Ă  Tonneins, ville dĂ©sindustrialisĂ©e, aux emprises dĂ©saffectĂ©es bon marchĂ©. 50 emplois, le chiffre d’affaires double tous les ans. La grand’rue de Tonneins est trĂšs Nouvelle OrlĂ©ans. Il n’y manque que les boites de jazz.

 –Les rĂ©seaux de chauffage urbain aux Ă©nergies renouvelables et de rĂ©cupĂ©rations -RCU aux ENR&R- sont une solution Ă  forte technicitĂ© mais trĂšs efficace (environ 5% de rĂ©duction au national avec Tramayes et Hautes Terres d’Oc). A appliquer dans les rues dont la densitĂ© Ă©nergĂ©tique linĂ©aire est supĂ©rieure Ă  1,5 MWH par mĂštre linĂ©aire et par an ; lĂ  oĂč souvent il n’est pas possible d’isoler par l’extĂ©rieur pour des raisons architecturales et trop cher par l’intĂ©rieur, par la surface habitable perdue. Cette solution stabilise les charges de chauffage, transforme 5 milliards d’euros de dĂ©ficit commercial national en produit intĂ©rieur brut (baril Ă  100 $), crĂ©e des emplois non dĂ©localisables.

  • La biodiversitĂ© est territoriale par construction. Pas d’espĂšces sans milieu, fut-elle humaine. Nous dĂ©pendons de la biodiversitĂ© dont nous faisons intĂ©gralement partie. La biodiversitĂ© stocke du carbone mais est d’abord notre assurance vie. Les ressources naturelles, renouvelables chaque annĂ©e, sont la condition de notre maintien en vie. Le gisement de votre territoire est prĂ©cieux.

Exemples :

-La forĂȘt Miyawaki, du nom de son crĂ©ateur est un modĂšle qui a fait ses preuves en Asie depuis 40 an, Europe depuis moins. Pour faire simple, il consiste Ă  planter 3-5 plants par m2 pour construire une vĂ©gĂ©tation Ă©tagĂ©e qui s’auto entretient ; sur des friches, des dĂ©laissĂ©s ou des espaces ingrats, Ă  partir de quelques centaines de m2. De quoi enrichir le potentiel de biodiversitĂ© de votre territoire. Le volet pĂ©dagogique est Ă  exploiter.

-La forĂȘt nourriciĂšre reprend les concepts de l’agroforesterie et de la permaculture pour en faire un espace riche en biodiversitĂ© et producteur de nourritures. La mise au point expĂ©rimentale du concept a demandĂ© une dizaine d’annĂ©es. Elle peut faire vivre son jardinier. Le rĂ©seau d’acteurs, les connaissances partagĂ©es gratuitement sur le site de l’association et la formation associĂ©e ne demandent qu’à ĂȘtre utilisĂ©s et reproduits.

-Nutreets exploite le concept de l’aquaponing, nom savant pour dĂ©signer une technique millĂ©naire en Asie : le champ de riz associĂ© Ă  la mare aux canards. Les canards se nourrissent des prĂ©dateurs du riz et nourrissent en retour le riz de leurs dĂ©jections. Une ferme de 2500 m2 en Loire-Atlantique a dĂ©veloppĂ© ce procĂ©dĂ© sous nos climats. Une reproduction surprenante Ă  Colombes en a fait une serre antibruit. La biodiversitĂ© peut ĂȘtre directement productive et mĂȘme trĂšs massivement rĂ©ductrice de gaz Ă  effet de serre : en l’occurrence, 6500 hectares pour nourrir 1,7 millions de personnes et 1% de rĂ©duction de l’empreinte nationale.

  • Les dimensions Ă©ducation populaire-formation et sociales se retrouvent souvent dans les solutions, pas toujours. Leviers de mobilisation locale clĂ©, elles font Ă©merger des gisements de reproduction de solutions, nourrissent leur reproduction.

Exemples:

-La Ferme urbaine de Saint Denis et plus prĂ©cisĂ©ment son volet « zone sensible » (un hectare sur 25) combine la production en permaculture de plus de 200 espèces végétales, avec des expositions, concerts, cinéma en plein air, théâtre, banquets, ateliers pour les établissements scolaires et socioculturels, initiations et sensibilisations. Elle a été pleinement utilisée pendant le Covid-19, pour les plus démunis.

-Comme on installe des Ɠuvres d’art dans la ville pour les rendre accessibles au plus grand nombre, Arcueil Comestible installe de la pédagogie dans l’action dans l’espace public pour embarquer les habitants et les passants : avec une communication sur la nature en ville, un budget participatif, une charte, des permis de végétaliser, des subventions, une méthodologie, et des retours d’expériences elle installe verger, ferme urbaine, jardins collectifs, jardin pédagogique, éco-pâturage, événements et cartographie des initiatives.

-Être, réseau des écoles de la transition écologique (départementales), vise à accompagner et à former aux métiers manuels de la transition écologique et de l’économie circulaire. Des formations courtes pour redonner envie de s’engager dans la formation ou l’emploi, des formations de préqualification puis des formations diplômantes ont un double objectif : l’insertion professionnelle et l’éducation environnementale. 80% des participants sont des jeunes en difficulté, de 16 Ă  25 ans, les autres 20 % sont des personnes en reconversion, à la recherche de sens le plus souvent. Être crée de nouveaux projets de l’économie sociale et solidaire.

  • L’association de solutions augmente l’impact de chacune d’elles
 pour travailler le mĂ©tabolisme des territoires, celui-lĂ  mĂȘme qui Ă©met des gaz Ă  effet de serre : productions et consommations locales, personnes, marchandises, connaissances et argent qui entrent et sortent du territoire.

Deux exemples, ajoutés aux précédents, pointent la coopération possible et son impact.

Exemples :

-L’école Thierry-Launay, à Lille, a fait l’objet d’une rénovation énergétique et architecturale complĂšte. Le département d’Indre et Loire a lancĂ© un appel à manifestation d’intérêt en juin 2020 afin de sélectionner une entreprise apte à financer, installer, maintenir et exploiter des installations photovoltaïques sur ses collèges et à développer un projet de financement participatif. On peut combiner ces deux solutions, mieux, les gĂ©nĂ©raliser sur un territoire donnĂ©.

-La capitalisation des solutions sur un mĂȘme site crĂ©e en effet un cercle vertueux de partage qui fait gagner du temps Ă  tout le monde École, collège, lycée, préfecture, hôpital, détenteurs de bâtiments publics en général coopĂ©rant pour le bien-être de nos enfants et de leurs parents, pourraient faire pousser des éco-matériaux à la campagne et les consommer en ville, pour développer l’emploi (voir Biovallée Énergie), mutualiser les coûts (voir EnergieSprong), développer les énergies renouvelables (voir le collège le chauffage urbain aux ENR&R) ; avec en prime des solutions de dĂ©placements (Ă©co Ă©nergies, tiers lieux) ou de cantines (nourriture & agriculture). Bref faire locomotive sur les territoires pour faciliter la rénovation thermique des logements et des bâtiments privés, offrir des alternativesĂ  ceux qui y viennent, y dĂ©jeunent, ouvrir des marchés à nos entreprises et inventer de nouveaux rapports ville-campagne.

4. Par oĂč commencer ?

Le gisement de solutions une fois Ă©valuĂ©, votre territoire n’a pas attendu, Il est bien sĂ»r occupĂ©, Ă  la manƓuvre.

Plus ou moins, chacun chez soi ou pas, sur un mode planificateur a minima (la loi, rien que la loi) ou plus avancé, ou enfin systémique.

Ses acteurs sont occupĂ©s, inĂ©galement mobilisĂ©s, dispersĂ©s ou coopĂ©rant dans une vision d’ensemble : habitants, entrepreneurs, enseignants et leurs Ă©lĂšves, techniciens, Ă©lus.

Pour commencer, deux options se présentent :

  • Vous pouvez commencer par lancer tout de suite 2-3 solutions Ă©videntes, sans plan d’ensemble. Avantage, non seulement on commence immĂ©diatement sans prĂ©alable mais une solution visible Ă  proximitĂ© est toujours plus convaincante.

InconvĂ©nient, si l’on en reste lĂ , ce n’est pas comme ça que nous allons Ă©carter mĂ©thodiquement la menace climatique.

  • La deuxiĂšme option consiste Ă  utiliser mĂ©thodiquement les solutions recueillies.

C’est tout l’intĂ©rĂȘt de repartir de solutions inventĂ©es ailleurs par des acteurs locaux. Les poser en regard de ce que vous ĂȘtes en train de faire, sous la toise de l’empreinte carbone, ouvre le jeu, donne envie de faire autrement, dans une vision qui se partage progressivement, Ă  la hauteur des enjeux.

L’une n’empĂȘche pas l’autre.

IV- Développer méthodiquement

1. Avec qui ?

Votre dĂ©cision de principe prise, les solutions inventĂ©es ailleurs sont alors considĂ©rĂ©es comme des projets locaux potentiels, plus ou moins massivement reproductibles. Des projets qui s’additionnent et se reproduisent.

Pris mĂ©thodiquement, chaque projet appelle son pĂ©rimĂštre de mise en Ɠuvre, son chef de projet, sa gouvernance et ses moyens. On peut ajouter que le territoire nourrit le projet. Ses ressources, revisitĂ©es, en sont le terreau : humaines, naturelles, fonciĂšres.

Pour les communes et pour des raisons Ă©videntes, mutualiser les moyens Ă  l’échelon intercommunal permet de trouver les chefs de projet et les moyens de se rĂ©partir la tĂąche entre communes et dans l’intercommunalitĂ©.

Il est par contre impĂ©ratif de ne pas s’en tenir lĂ  et de se poser la question de la bonne Ă©chelle de territoire pour chaque projet : tel foncier mutable, la commune, l’intercommunalitĂ©, 3 intercommunalitĂ©s, la coopĂ©ration intercommunalitĂ©-PNR, le dĂ©partement, la rĂ©gion.

Associer aux Ă©lus les habitants, entrepreneurs, techniciens, enseignants et Ă©lĂšves enrichit l’approche mĂ©thodique, agrandi le territoire de rĂ©flexion et d’action.

Un premier atelier local (prĂ©parĂ©) qui passe en revue les solutions, Ă©value leur impact carbone potentiel aux diffĂ©rentes Ă©chelles de territoires, dans la complĂ©mentaritĂ© avec les politiques mises en Ɠuvre, est un bon point de dĂ©part pour cette deuxiĂšme option d’adaptation-reproduction mĂ©thodique. Le format multi-acteur est mobilisateur.

Comme l’a montrĂ© l’atelier du 6 dĂ©cembre dernier Ă  la Banque des Territoires. Il a rĂ©uni 30 acteurs locaux, de la maison Ă  la rĂ©gion, dont 10 porteurs de solutions qui ont eu 7 minutes chacun pour raconter leur solution et 5 autres pour rĂ©pondre Ă  des questions de comprĂ©hension. L’aprĂšs-midi nous nous sommes posĂ© la question du comment reproduire mĂ©thodiquement tout ou partie des solutions recueillies.

Ce qui suit résulte de cet atelier, des échanges et des travaux qui ont suivi.

L’atelier est d’abord prĂ©parĂ©, en format rĂ©duit :

  • Pour que les Ă©valuations carbone soient discutĂ©es, comprises, cernĂ©es, par ceux qui calculent localement carbone.
  • Pour approcher le gisement des solutions reproductibles telles que ou adaptables avec les meilleurs connaisseurs du territoire.

L’atelier Ă  la composition plus large motive par le passage en revue des solutions. Un premier dessin de ce qui est souhaitable et possible peut Ă©merger, les coopĂ©rations nĂ©cessaires aussi.

Ensemble, les solutions (d’oĂč qu’elles viennent) peuvent alors porter mĂ©thodiquement les territoires Ă  la hauteur des enjeux de la menace climatique.

En ce sens, la notion de mĂ©tabolisme du territoire, qui crĂ©e l’empreinte carbone, est un bon guide mental, facilement partageable : un mĂ©tabolisme des territoires composĂ© des productions et des consommations locales, des flux de personnes, de marchandises, de connaissances et d’argent qui entrent et sortent de nos territoires ; chaque jour, chaque saison, chaque annĂ©e.

 Pour construire un mĂ©tabolisme bas carbone, il n’est pas anodin de se rappeler que la nourriture, les Ă©comatĂ©riaux, les Ă©co-Ă©nergies poussent en gĂ©nĂ©ral Ă  la campagne et sont en gĂ©nĂ©ral consommĂ©es en ville.

L’atelier est pĂ©rĂ©nisable et peut devenir progressivement gouvernance partagĂ©e sous la forme classique d’un conseil du dĂ©veloppement durable et son miroir enfant et jeunes, un conseil qui ne soit pas consultatif mais pro-actif, dans le respect des responsabilitĂ©s de chacun.

2. Les ingrédients et leurs caractérisiques

Nous sommes pris de vitesse par la menace climatique : les freins mentaux sont les premiers Ă  lever. Par les rĂ©alitĂ©s qu’elles font apparaĂźtre, les solutions menĂ©es Ă  bien en sont un levier.

Au-delĂ  des disparitĂ©s de modĂšles, la reproduction des solutions recueillies demande un autre regard, sur le foncier en particulier, d’autres outils, en matiĂšre de financement en particulier, d’autres modes de faire, le plus souvent en transverse Ă  plusieurs Ă  entitĂ©s qui travaillent habituellement en silo.

Ces solutions ont en commun de n’ĂȘtre pas rĂ©ductibles Ă  l’analyse par le seul critĂšre Ă©conomique, encore moins comptable et de s’inscrire souvent dans le temps long. C’est tout l’intĂ©rĂȘt de leur reproductibilité : les solutions existent, elles ont Ă©tĂ© financĂ©es, les tĂątonemments chronophages de leur mise au point sont Ă©conomisĂ©s.

Elles demandent aussi un minimum de lecture et de relecture pour entendre leur intĂ©rĂȘt, rĂ©sultat d’un travail souvent long et tenace de composition des enjeux et des intĂ©rĂȘts des acteurs qui les ont menĂ©es Ă  bien. Un travail qui n’est pas Ă  reprendre Ă  zĂ©ro. Un travail qui mĂ©rite dy consacrer un peu de temps de prise de connaissance pour en Ă©conomiser beaucoup plus Ă  l’adaptation-reproduction.

a- Foncier 

Un foncier n’est pas toujours nĂ©cessaire mais s’agissant de changer le mĂ©tabolisme des territoires sur lequel nous vivons, nous avons tendance Ă  avoir les pieds sur terre. Les Ă©missions carbones ne sont pas virtuelles mais rĂ©elles. Elles sont Ă©mises quelque part. Revisiter le foncier privĂ© et public et ses usages est l’une des façons d’écarter la menace.

La plupart des solutions ne demandent pas du foncier mutable, nĂ©namoins parfois trĂšs utile pour introduire de nouvelles fonctions territoriales par un changement de propriĂ©taire (forĂȘt sur friches, installation de micro fermes).

Le plus gros des solutions entraine un changement ou une addition d’usage (filiĂšres Ă©co-matĂ©riaux, tiers lieux sur les gares), d’équipement (le chauffage urbain, l’isolation des bĂątiments) ou de mode d’utilisation (l’agriculture bio, la cantine, le partage de la voierie).

Dans le cas de l’agriculture en particulier, le type de bail nĂ©cessaire est forcĂ©ment dans le temps long : le projet de transition est incompatible avec des durĂ©es de bail classique, de 3 ou 9 ans.

Revisiter les lieux avec ce deuxiĂšme regard fait Ă©merger les ressources fonciĂšres disponibles. Cet examen met en valeur l’éducation populaire-formation nĂ©cessaire, l’ingĂ©nierie publique tiers de confiance nĂ©cessaire, l’intelligence collective Ă  dĂ©velopper.

A noter que ce type de ressources fonciĂšres est trĂšs adaptĂ© au temps qui reste avant le dĂ©clenchement des 2°C de rĂ©chauffement. A 10 ans d’ici, et Ă  raison de 1% de neuf par an, la quasi-totalitĂ© des Ă©missions sera le fait des territoires tels qu’ils sont sous nos yeux.

b- Finances 

Toutes les solutions ne demandent pas d’argent public ni mĂȘme d’argent du tout. Elles demandent juste un changement de comportement ou sont sur un modĂšle Ă©conomique sans subvention.

Certaines demandent un peu plus :  changer ses choix. Pour appuyer lĂ  oĂč ça fait mal : isoler sa maison par l’extĂ©rieur plutĂŽt que de changer de cuisine, faire un vrai bilan carbone de son entreprise fournisseurs et usages des produits inclus et agir en consĂ©quence, privilĂ©gier la maintenance, l’isolation, les voies bas carbone plutĂŽt que le neuf qui s’inaugure avec un ruban.

Pour les projets qui demandent financement, le leitmotiv est garanti :

Pour les uns, tout est engagĂ©. Ce qui est on ne peut plus normal. Notre problĂšme n’est pas celui des moyens mais de la rĂ©allocation des moyens aux solutions les plus efficaces, dans le temps qui reste.

L’utilisation de la tonne Ă©quivalent CO2 Ă©conomisĂ©e Ă  l’euro investi pour comparer les projets, en cours ou potentiels, est apaisante. Elle rend plus factuelles et comprĂ©hensibles, partageables, les dĂ©cisions Ă  prendre.

Pour les autres, le marchĂ© ne le permet pas ; c’est dommage, d’autres l’ont fait. Les financements ne manquent pas. Il semble que la tromperie sur la finance verte soit mĂȘme courante. La vision de ce qui se passe vraiment dans l’entreprise, importations de carbone de l’autre bout du monde et variations du marchĂ© incluses, Ă©claire un gisement d â€˜Ă©conomies. Celles du prix de l’électricitĂ© est l’un des derniers avatars.

Plus structurellement, le pĂ©rimĂštre comptable est meurtrier. Il ne veille ni sur les ressources humaines, ni sur les ressources naturelles qu’il soit public (« la M14 ») ou privĂ©e.

La comptabilité analytique peut aider : une comptabilité des projets bas carbone, investissements, économies et réinvestissements sanctuarisés est un minimum. (Plus avec les travaux du CERCES : https://www.cerces.org/ ).

Nourriture saine, goûteuse et bio, fournisseurs de proximité, éco-productions, publiques ou privées, ouvrent la gamme. Celle des solutions recueillies et partagées, entre autres.

Reste un accĂ©lĂ©rateur dormant : le prĂȘt Ă  taux zĂ©ro. PassĂ©e une certaine taille, les collectivitĂ©s territoriales peuvent subventionner les financements de la reproduction des solutions pour rĂ©duire Ă  zĂ©ro le taux d’intĂ©rĂȘt dû ; et donc massifier les projets Ă  temps de retour sur investissement longs.

Les entreprises d’une certaine taille peuvent aussi dĂ©cider de ne pas intĂ©grer le taux d’intĂ©rĂȘt moyen auquel elles empruntent dans les calculs de rentabilitĂ© de leurs investissements bas carbone les plus efficaces.

L’Etat, l’Europe seraient bienvenus avec la Banque du Climat qu’est la BEI depuis peu. Le financement Ă  taux zĂ©ro des solutions d’isolation thermique des bĂątiments publics et privĂ©s ne serait-il pas dĂ©cisif (et responsabilisant) ?

c- Ressources humaines 

Les 10 solutions tĂ©moignent le plus souvent d’une autre « façon de faire » et de projeter le devenir du territoire. Elles intĂšgrent une forte composante participative (le « faire avec les compĂ©tences du territoire »), de sensibilisation et de formation, et de mise en liens d’acteurs aux savoir-faire complĂ©mentaires. Elles ont Ă©galement en commun le fait de s’ĂȘtre dĂ©veloppĂ© autour d’un leadership fort.

Pour leur adaptation-reproduction, la couverture par 1250 intercommunalitĂ©s du territoire national permet d’atteindre le seuil de mutualisation des moyens nĂ©cessaires Ă  la plupart. CompĂ©tences, chefs de projets, Ă©quipes, la rĂ©partition des tĂąches est facilitĂ©e.

Quitte Ă  ce que 3 communautĂ©s de communes se regroupent comme l’ont montrĂ© certaines solutions pour atteindre ce seuil.

Les associations sont une source de forces vives, d’énergies citoyennes.

Les entreprises sont organisées en fédérations, la plupart par départements.  Pour les artisans, les PME-PMI, la mutualisation est donc potentiellement organisée.

L’enseignement supĂ©rieur, l’enseignement secondaire, regorgent de ressources inemployĂ©es. Professeurs et Ă©tudiants connaissent, travaillent, produisent des solutions inemployĂ©es.

Il n’est jusqu’à l’école primaire qui agit et peut agir massivement ;

Voir les éco-écoles et leur excellente vidéo, en 2 minutes : https://www.eco-ecole.org/

Le nombre d’acteurs locaux est tel qu’il est impĂ©ratif de rĂ©ussir en se coordonnant a minima. D’oĂč l’intĂ©rĂȘt du calcul de l’empreinte carbone, du conseil de dĂ©veloppement durable et des solutions.

Un pilotage par champ d’action au sein du ComitĂ© de DĂ©veloppement Durable ajoute de l’efficacité en polarisant les compĂ©tences et les envies de faire : nourriture-agriculture, dĂ©placements, bĂątiments, Ă©nergies, biodiversitĂ©, Ă©ducation populaire-formation.

V- Co-développer Agirlocal

A l’échelle nationale, source de solutions, co-dĂ©velopper Agirlocal apparaĂźt incontournable.  Ne serait-ce que pour continuer Ă  amĂ©liorer les outils, engranger des solutions et tenir Ă  jour les amĂ©liorations de celles qui ont Ă©tĂ© mises en vitrine. Ne serait-ce qu’en communiquant sur les solutions, leur reproduction et leur essaimage.

Plus sur https://agirlocal.org/co-developper-agirlocal/

Vous connaissez la lĂ©gende indienne de Sissa, l’inventeur du jeu d’échecs, du grain de blé et de l’empereur Sheram ? L’empereur Sheram demande à Sissa quelle récompense il veut recevoir pour avoir inventĂ© le jeu d’échecs, qui l’a sorti de l’ennui. Sissa lui répond : « Majesté, un grain de blé par case de l’échiquier, doublé à chaque case. » Mais tous les greniers de l’empire ne pouvaient pas fournir assez de blé pour donner la rĂ©compense demandĂ©e et promise.

Cette légende, nous pouvons la réinventer : en persuadant un être humain par semaine d’« agir local» efficacement, lequel en persuade à son tour un autre la semaine suivante, nous doublons l’effectif d’ambassadeurs-acteurs chaque semaine.

Il faut alors trente-deux semaines pour convaincre les 2 milliards d’individus de la classe moyenne et supérieure mondiale d’écarter la menace climatique, ceux-là même qui émettent 80 % des gaz à effet de serre.

Trente-deux semaines, la moitié des cases de l’échiquier, une année scolaire.

SOMMAIRE

30 mars 2022

À propos

Alors que 3 jeunes sur 4 sont angoissĂ©s par l’avenir climatique, 26 COP et plusieurs lois transitions nationales n’ont pas rĂ©duit nos Ă©missions de gaz Ă  effet de serre.
Il reste 10 ans pour Ă©carter la menace climatique et une voie que nous n’avons pas empruntĂ©e : l’action locale, mĂ©thodique, outillĂ©e, massive, lĂ  oĂč nous vivons, lĂ  oĂč nous pouvons en dĂ©cider.
La classe moyenne et supérieure mondiale -qui émet 80% des gaz à effet de serre- tient son avenir entre ses mains.
A l ‘expĂ©rience, rĂ©duire ses Ă©missions fait gagner du pouvoir d’achat et du bien-ĂȘtre, crĂ©e de l’emploi prĂšs de chez soi, rĂ©duit les inĂ©galitĂ©s et crĂ©e une nouvelle forme de dĂ©mocratie dans l’action. De quoi maitriser notre avenir dans le plaisir de vivre.
Si Copenhague est en passe de réussir zéro émissions carbone, pourquoi pas nous ?

Acquis et intentions 2016

Raccourcis